Petite restauration d'une GPZ 900 R de 1984...
La GPZ 900 R a été ma troisième moto après la CB 125 T1 et la CB 750 FOUR... elle a été l'entrée dans un autre monde... en 1984 on avait tous suivi cette course entre la véritable Ninja (la première de sa série) et le TGV Paris-Marseille, course remportée avec un quart d'heure d'avance par la Ninja bien entendu, le tout organisé par Moto Revue... cette moto avait marqué les jeunes de ma génération...
Alors à l'époque je travaillais le week-end (pour poursuivre mes études la journée) pour un laboratoire américain qui fabriquait des ustensiles de laboratoire permettant les recherches sur le génome humain... la réussite de cette recherche nous a tous vu pourvu d'une prime qui m'a permis d'acquérir cette merveille pour 17 000 francs mais avec un état à revoir... la moto était tombé et avait été repeinte à la « va-vite », assemblée avec des pièces de millésimes divers... Un gros travail en perspective...
Tout a commencé par un déshabillage complet... et le montage de deux pneus Metzeler... long à chauffer (20 km !) mais très bon grip sur l'angle ensuite et surtout ça ne lève pas en freinant dans les virages comme les Dunlop... les chiffres des pneus sont peints en blanc (j'aimais bien à l'époque...)

Chaque pièce de carrosserie est démontée et nettoyée... mais je ne pourrais pas refaire la peinture... mon budget de remise en état est de 800 francs et il y a d'autres priorités...



L'échappement et les pièces métalliques ainsi que tout le système de refroidissement sont remis en aussi bon état que possible... je me souviens avoir passé deux jours complets à redresser les ailettes du radiateur, la 84 étant sujette à surchauffer... un peu de peinture noire spécifique haute température vient compléter cette « restauration visuelle »...


Commence alors un travail sur les réglages moteurs (jeu aux soupapes, bougies, ralenti et richesse carburateurs, ablation d'un filtre à essence superfétatoire) et les réfections des joints moteurs... elle « pissait » littéralement l'huile... plusieurs pièces sont changer (chaîne d'alternateur, bougies, filtres, ressorts de fourche, ressorts d'embrayage, bobine d'allumage, etc.) à prix allemands (si ça vous dit de commander des pièces en Allemagne, je suis bilingue). Chaque joint de carter est changé et remplacement par un joint d'origine fourni presque gracieusement par un club en Angleterre pour lequel je fais des traductions de journaux motos allemands relatant les exploits de la GPZ 900 R. Le remplacement de la chîne de distribution latérale est un jeu d'enfant et les pièces me sont offertes par le club en Angleterre...






J'alterne les travaux sur le moteur avec de longs travaux de ponçage manuel sur la partie cycle... bras oscillant, inscription sur le moteur, reposes-pieds, bords de jantes y passent avec quantité de papiers à ponçer et un produit magique allemand pour faire briller tout ça et surtout pérenniser le reflet tant espéré (si vous êtes gentils, je vous donnerais le truc, la la la la !!!!).... Ça commence à briller un peu...




Une petite vue de l'arrière pour le plaisir et une seconde pour le double plaisir... de toute manière ce sont les vues que les autres verront le plus, pfff....


J'en profite bien entendu pour retaper un peu les plastiques du tableau de bord et les cocottes électriques du guidon... j'ai échangé un alternateur de CB 750 K6 contre deux demi-guidons Giuliari et une belle selle blanche que je conserve précieusement... Je protège bien entendu toutes les parties pour le traitement... Je suis également obligé de refaire une partie du faisceau électrique avant, le gars a fait du bidouillage digne de la grande époque de moto Guzzi... (cf : un domino dans un sachet Auchan pour faire le raccord !)

Juste une photo de la selle Giuliari pour le plaisir.... (un échange ebay Allemagne...)

Commence alors le vrai plaisir : celui du remontage...



Mademoiselle est timide et ne veut pas sortir sans sa bulle...


Je finis par lui monter des durits aviation qui changent quand même grandement la qualité de freinage (du sur mesure en Allemagne à 180 francs le tout)...

Avant le rhabillage final, le dernier réglage moteur est à entreprendre avec beaucoup d'attention... c'est la synchro des carbus... je fais un petit montage sympa avec carton et table de camping, il me faut tout de même deux heures pour avoir tout bon et je vous assure que le réglage est vraiment réussi...

(admirez quand même l'exactitude du réglage !!!!)

Je peux enfin finir l'habillage... il n'y a pas encore les autocollants et il faut encore enlever les traces de doigts partout (moi je suis maniaque ?)... L'autocollant AGIP est d'origine...

Ça y est enfin, je vais poser les derniers autocollants Kawasaki et Ninja... et c'est définitivement trop bon, trop bon, trop bon .... Elle commence à être vraiment belle, non ?







Voilà les premières photos de sa première sortie champêtre avec seulement le pilote pour les essais et le réglage des amortisseurs et de la fourche... le vert Kawa est dans le pré...



Les rétroviseurs sont ceux du modèle anglais de 1985...

Première grande ballade dans nos (petites) montagnes alsaciennes... un vrai régal...


Votre serviteur fier de son magnifique destrier...

Voilà pour cette petite restauration.... Cette monture est magnifique, elle m'a permis de mettre la pilule à bon nombre de motos modernes surtout dans les intérieurs de virage surtout... il est vrai qu'il faut chercher la puissance très haut, entre les 9000 et 13 000 tours en jouant constamment du pied et de la main gauche.. il est vrai aussi que la piloter est très très physique... il est vrai aussi qu'elle saute beaucoup de l'arrière dans les virages... tout cela est vrai mais cette moto est vraiment une moto à vivre... je ne pense plus jamais avoir de telles suées et d'aussi incroyables serrages de fesses pour savoir si ça va passer ou pas...
Il y a deux ans, j'ai pu racheter une deuxième GPZ pour redonner une seconde vie à la mienne... elle a maintenant une robe blanche et bleue, un DEVIL libre complet, une ablation chirurgiale de la boîte à air, une rampe de carbus de GPZ 1000 R et quelques autres petites modification... elle a été flashée pour ses 24 ans en 2008 à 306 Km/h sur la Nordschleife (un circuit bien connu en Allemagne) en bout de la ligne droite et il y avait une Hayabusa à côté de moi qui n'a pas réussi à me doubler...
Ce n'est pas tellement la vitesse qui est impressionnante avec la Ninja mais la vitesse à laquelle elle parvient à cette vitesse, plaisir de l'accélération donc et non plaisir de la vitesse... un bon compromis donc... il me semble...