PARIS/DAKAR PAR LES PISTES EN HONDA 600 TRANSALP DE 1996

Démarré par Fanou, Ven 25/01/2019 à 10:26

montludo

Ave Caesar, morituri te salutant.

Fanou


combava17

Put... quand je revois mon équipement!

Avec le recule, je constate que c'était: "le plaisir avant tout et sécurité zéro".
Un mec qui roule en Big one@  ne peut pas être foncièrement mauvais. En B M W non plus et en Transalp, encore moins!

philgood

 :boire: :++:

On est quelques uns dans le même cas rassure toi !!  :lol: :lol: :lol:

Fanou


épisode 7

Le Paris-Dakar normalement c'est un truc bien préparé, que tu organises. Le mieux, c'est également de faire gaffe à ce que tu fais, de refléchir. Nous (Amaury et moi) on dirait Dupond et Dupont. Ou plutôt, Ducont et Ducond comme dirait ma femme ! Ce matin donc, Ducont et Ducond (Amaury et moi) se sont levés de bonne heure. Ils avaient beaucoup de piste à faire et peu d'essence même s'ils avaient trouvé 6 à 7 litres par miracle. Il leur a été indiqué que la piste se durcissait encore sur les 100 derniers kilomètres, avant Choum, avec beaucoup de sable. Autant hier, Ducont et Ducond mettaient du gros gaz pour franchir les longues langues de sable, autant là, ils ne font plus les malins. C'est pas le capitaine Haddock qui va venir les sauver s'ils tombent en rade.

50 bornes plus tard,Ducont et Ducond tombent sur un groupe de maison dont ils ont toujours et encore l'impression qu'il est abandonné. Ils cherchent! De la vie mais surtout de l'essence ! Pas âme qui vive. Ha si, là au fond ! « Y'a un type sur un toit » dit Ducont (Amaury). Tout guilleret, Ducond (moi, Lolo) file se renseigner auprès de cet autochtone. L'entrée de sa demeure est joliment décorée d'un chemin de sable bordé de pierres et entourée d'une superbe enceinte également en pierres. Au loin, l'individu lève la main. Devant tant de diligence, Ducond lève à son tour la main!

Plus que quelques mètres et il pourra enfin présenter ses respects à son hôte empressé de l'accueillir! Mais d'un coup, d'un seul, Ducond (toujours moi pour ceux qui auraient du mal à suivre) à un doute. Faut dire qu'il vient d'apercevoir des types jaillir de partout de la demeure. Encore plus louche, ils ont une mitraillette à la main. En fait, le mec sur son toit, n'est pas un maçon/couvreur mais un militaire dans un mirador qui a donné l'alerte à toute la base puisque ... je viens de violer un territoire militaire ... Et en fait le mec me fait signe de ne plus bouger d'un millimètre. Brans le bas de combat, ceci n'est pas un exercice !!! Je blêmis. Les mecs me mettent en joue.

Deux militaires hyper méfiants viennent à ma rencontre. Je tente une négociation, fait toujours négocier en temps de guerre ! Je tente l'apaisement « Bonjour je m'appelle Ducond, je suis accompagné par mon camarade Ducont et on cherche de l'essence. Avec tous ces beaux véhicules à tourelle surmontés de leurs armes lourdes, vous n'en auriez pas un peu par hasard ? ». « Non Ducon (le mec ne savait pas si j'étais Ducond ou Ducont donc il a fait simple - cela dit, même moi dans Tintin je savais pas reconnaître Dupont de Dupond) ici tout fonctionne au mazout »

« Ha c'est con... tout court! » Palabres, 1.000 excuses, penitence, repentance. N'empêche que je sens bien qu'on vient de créer un incident diplomatique ! Coup de radio au haut commandement, « conduisez-les à la gendarmerie » décident les militaires! Gendarmerie ! « Présentez les passeports, c'est très dangereux ce que vous venez de faire! » « Ha bon? » 4 thés et 25 confirmations/échanges/conduite à tenir plus tard, nous voilà repartis vers Choum et Atar ... pour tomber à nouveau en réserve. Il nous reste 100 km à faire pour Choum et la gendarmerie surveille désormais chacun de nos pas, par satellite faut-il croire. A ce sujet, un ancien gendarme croisé à Atar un peu plus tard me dira: « vous croyez être seul dans le désert mais vous êtes en permanence surveillés. Ce que tu crois être un berger ou un chamelier ou un berger est en fait un gendarme. » Soit mais avec mon drone, moi les gendarmes je les répère bien avant qu'ils me localisent. D'ailleurs, juste après ça, Amaury fera mine d'ignorer un poste de contrôle alors que le mec nous courrait littéralement après !

Pendant qu'Amaury avait décidé de jouer au con ou plutôt d'assumer son nouveau blase de « Ducont » en ignorant les postes de contrôle (il me jurera ne pas l'avoir vu mais je ne le crois pas) j'ai moi aussi joué au « Ducont » en tournant la tête à l'opposé du gendarme! À droite, faisant mine d'admirer le paysage qui, cela dit en passant était authentiquement et véridiquement magnifique.

Bref, à sec complet, on a stoppé notre course du côté du monolithe de Ben Amira. Chez qui ? Bah chez les gendarmes. Amaury est parti en 4x4 avec un vieux du village qui, pour 1.500 Ouguyias, a accepté de l'emmener, de nuit, jusqu'à Choum pour remplir les bidons! Tu vas dire qu'on est un peu léger de ne pas mieux s'organiser mais on avait quand même chacun 40 litres d'essence avec nous. Difficile de faire plus et mieux même si ça reste insuffisant pour faire la liaison depuis la frontière jusqu'à Choum.

Bref, Amaury a fait du 4x4, et moi j'ai été invité à m'installer au poste de gendarmerie. On m'a offert le thé (minimum 3 sinon c'est un affront) et je les ai observés dans leurs fonctions ! Belote, bataille, télé par satellite, un peu de smarphone quand internet veut bien se réveiller, plaisanteries, tu l'auras compris, y'a pas grand chose à foutre ni à surveiller, à part moi. Mais moi, je suis Ducond, ça me confère un statut de moindre importance. Comme si tu surveillais personne quoi!

Je me suis quand même fait taxer un câble d'iPhone et des médocs pour la blennorragie (le gendarme a un peu hésité à formuler sa demande mais face à la douleur, il s'est décidé) puis à 23 heures, Amaury est rentré avec les bidons pleins. Et cette phrase absolument biblique: « je l'ai payée 1,5 euros le litre, c'est cher mais j'étais prêt à payer 3 euros! Ici, ce n'est pas le prix de l'essence qui compte mais sa valeur. » Putain, le mec quoi ! Il se fait démonter les vertébres pendant 140 bornes dans un vieux Land pourri, manque de sauter sur des mines (le vieux connaissait un raccourci à gauche du chemin de fer, en plein front polisario) et il se la joue Dalaï-lama philosophe !

On a sorti nos tentes ... devant la gendarmerie, on a bouffé avec les mains les pâtes coquillettes/poulet préparées par les gendarmes, on s'est couché et on a gardé notre envie de pisser toute la nuit! Bah ouais on connaissait pas le mot de passe pour circuler aux abords de la gendarmerie! Ça aurait été quand même con que Ducond et Ducont prennent une douille juste pour une histoire de prostate. D'autant que j'avais pas de medocs pour soigner les trous de balle !

À demain si tu le veux bien !



Fanou


Csvivi64

La ligne droite n'a d'intérêt que quand elle tourne !

montludo

Ave Caesar, morituri te salutant.

GroGro

Exact.

Je le trouve couillu le père Lolo sur ce coup. Il pourrait finir dans les geôles d'AQMI en 2-2... :(

Joël : Alors franchement passer les cols enneigés en espadrille là je dis  :wiggle: :wiggle: :rulez:

Et du coup tiens...Pour la peine... :grogro002:

Comment veux tu qu'ensuite on soit crédible devant la mère Perrichon et l'autre décérébré de la ligue de mes deux. :arme:
Ne jamais me nourrir après minuit. Avant non plus d'ailleurs.

totos

N'oublie pas que le chêne avant d'être un arbre était un (G.L.A.N.D)! Et pas un dentifrice

combava17

Calmez-vous les gars!  :wiggle:  :sm:

Y'a prescription, c'était en 88.

C'est vrai que c'était mieux avant.  :sifflene:
Un mec qui roule en Big one@  ne peut pas être foncièrement mauvais. En B M W non plus et en Transalp, encore moins!

totos

Citation de: combava17 le Lun 28/01/2019 à 21:08
Calmez-vous les gars!  :wiggle:  :sm:

Y'a prescription, c'était en 88.

C'est vrai que c'était mieux avant.  :sifflene:

:lol: Il est bon notre JOEL  hein mon GroGro  :lol:

:bisou:
N'oublie pas que le chêne avant d'être un arbre était un (G.L.A.N.D)! Et pas un dentifrice

GroGro

Il est énorme. (Enfin je me comprends :lol:)

Mais que veux tu, c'est logique...C'est un mec d'avant... :sifflene: :lol:
Ne jamais me nourrir après minuit. Avant non plus d'ailleurs.

Fanou

Pas d'épisode ce soir (demain) mais une photo hallucinante de ce qui t'attend parfois quand tu penses que le sable est porteur ! Saut périlleux avant pour Amaury




Fanou

Allez on continue l'aventure  :wink:








épisode 8
Ben Amira / Choum / Atar

Faut pas m'en vouloir tu sais ! J'ai pas donné trop de nouvelles parce que j'ai un peu de mal à rouler 16 heures par jour, à filmer et à te raconter toutes nos aventures ! D'autant que c'est pas ce qui manque sur ce Paris/Dakar par les pistes et à « l'ancienne »! Où j'en étais ? Ha oui, on s'est fait mettre en joue et arrêter par les militaires et on a dormi chez les gendarmes sur l'infernale piste de Choum !

Du coup, j'ai quand même, un peu eu l'impression de vivre ma première garde à vue ou encore de faire mon service militaire, Au choix! Ce qui me confère désormais le droit de ne formuler aucun regret à ces deux sujets puisque j'ai été ... réformé ... et ... que je ne me suis jamais fait gauler en faisant des conneries ... mais chuttt !

Au petit matin, on a donc pris congé de nos hôtes en uniforme. C'est bien le Dakar encadré et sous haute surveillance mais je préfère la liberté des toutes premières éditions . Avec 18 litres dans nos réservoirs, plus 20 litres dans nos jerrycans respectifs et encore 9 autres litres dans une nourrice d'eau que nous avons sacrifiée pour la transformer en réservoir d'essence, c'est désormais plus de 85 litres d'essence que nous transportons. En imaginant qu'au pire de nos galères on consomme 12 litres aux cent, ça nous fait 354 kilomètres d'autonomie chacun ! C'est pas parfait mais on n'a pas le choix!

Le seul truc, c'est que nous ressemblons désormais à de véritables bombes humaines ! Note bien que ça aurait pu faire une très jolie fusée à réaction côté front Polisario. Bah oui, Amaury (qui s'est fait emmener hier en 4x4 par un vieux pour récupérer de l'essence) en a profité pour prendre quelques points GPS. Or, le vieux, quand il va à Choum, il prend la piste à gauche du chemin de fer. Là où tout le monde dit: « surtout n'y allez pas, c'est miné. » Mais miné de chez miné. Même les chameliers se sont, paraît-il, faits délimiter des espaces dont ils ne sortent pas. Parce que le chameau, c'est meilleur en cuisson lente que saisi direct sur le gaz !

Mais le vieux grigou, lui, le désert, il le connaît comme sa poche, alors il préfère passer côté Front Polisario parce que les frontières et toutes ces embrouilles, il doit bien s'en tamponner l'oreille avec une babouche. Ici, c'est chez lui, un point c'est tout. Bon Amaury aura quand même noté qu'en conduisant, le vieux passait son temps à sortir la tête par la fenêtre de son Land en bout de vie pour jeter un œil en arrière voir si personne ne le suivait!

Bref, au petit matin, Amaury et moi, juchés sur nos deux potentielles fusées interstellaires, on a repris cette fameuse piste du Front Polisario parce qu'elle était juste sublime. Après quelques passages bien sablonneux que nous franchissons désormais, pas forcément avec grâce mais au minimum avec détermination, la piste débouche sur une immense plaine entourée de plateaux avec à leur pieds des dunes ocres qui semblent leur faire allégeance . Puis le paysage se rétrécit pour ne plus laisser place qu'à une passe plus étroite où nous nous engouffrons avant de redescendre sur Choum ! Majestueux ! La Mauritanie, ce n'est toujours et jamais que des cailloux et du sable, mais curieusement, ce n'est jamais pareil.

La preuve, en coupant un pouillième de trop et trop tôt les gaz, Amaury va carrément faire un salto par l'avant dans des dunes hyper molles. On a fait quelques photos, des prises de vues vidéo, on a profité de la minéralite et du silence de l'endroit puis on a repris notre route en évitant soigneusement de rouler à proximité des acacias. C'était pas le moment de crever. Celà dit dans tous les sens du terme.

On a rejoint Choum quasiment en même temps que l'un des quatre trains de la journée. L'un des plus longs du monde qui exerce une véritable fascination sur moi (Amaury se fout de ma gueule parce que je suis content quand je le vois). 4 locomotives tractant jusqu'à 200 waggons chargé de minerai de fer, reliant Zouerate au port mineralier de Nouadibouh. On a refait le plein dans une boutique clandestine, dans des fûts à la provenance inconnue. Et comme d'habitude lors de toutes nos journées de roulage, il était déjà tard. Ça tombe bien Atar nous attendait.

Ha, au fait ! J'me disais que je ne t'avais pas beaucoup parlé du comportement de nos Honda 600 Transalp de 1986. Une véritable fille de joie et je pèse mes mots (ne cherche pas de contrepèterie, y'en a pas). Et gourmande avec ça (pareil, cherche pas, je parle juste de sa consommation). Malgré notre chargement on a presque fini par oublier ses formes callipyges et son embonpoint (on est sans doute aux alentours des 240 kilos). Sur les pistes, elle balance son petit croupion d'un appui à l'autre. Son amortisseur trop souple rebondit exagérément sur le ressort comme si elle gambadait comme un chien fou! Je sais que tu vas pas me croire mais je prends du plaisir avec. Elle n'a certes pas la gniak ni la rigueur d'une 450 enduro mais elle y met du sien, Et surtout elle te pousse à réfléchir. A prendre conscience de tes choix, ne pas se laisser enfermer dans une dune entonnoir. Regarder loin, très loin, pour repérer les endroits les plus porteurs, éviter au maximum les ornières ! Un boulot de tous les instants qui, au moindre faux pas, te conduit à la chute. J'avoue sans honte avoir beaucoup de mal à la relever seul. Sans Amaury, il m'aurait fallu désangler à chauque fois les bagages!

22h00, nous entrons dans Atar! Je sais pas pourquoi, quand j'entends Atar, je pense de suite Dakar avec ses bivoucs sur le tarmac. On traverse la ville en un rien de temps, franchit le rond-point Jacques Chirac pour atterrir à l'auberge/camping Bab Sahara ! Notre premier lit et première douche depuis longtemps. Malgré notre arrivée tardive, nos hôtes hollandais semblent impressionnés par notre équipée, ce qui nous vaut un bon steak frites en guise de réconfort. D'énormes camion façon assistance Dakar trônent ici ainsi que pas mal de 4x4 suréquipés en plaques de désensablement, schnorchel et autre attirail du baroudeur! Ne pas se laisser impressionner, notre hôte nous confiant d'ailleurs que plus c'est gros .. plus ça reste sur place et moins ça s'aventure ! A la taille de nos engins et sur la base de notre projet avec de modestes 600, il a peut-être raison. Allez, je te laisse, demain on file vers Chinguetti. Putain, ça aussi, ça me fait rêver comme nom.

À demain