Kap2cap , Lolo sur la route du coeur

Démarré par Fanou, Mer 29/01/2020 à 19:38

Fanou





KAP2CAP du Cap nord au Kap  épisode 1

De quoi? Si je stresse avant un voyage comme ça ? Oui! Mais pas vraiment pour ce que tu crois ! Je stresse de te rapporter du bon taf, de belles images, une belle aventure ! Je stresse de savoir que notre convoyeur, Moss Molosse, erre en pleine tempête de neige, à 50 km/h de moyenne sur les petites routes finlandaises qui le mènent au Cap Nord.

Dans son fourgon, 2 mois de préparation intense, avec nos deux Yamaha Ténéré 700 cloutées jusqu'aux moyeux, prêtes à rallier Capetown! Du coup, je checke sa position et sa vitesse toutes les 30 minutes sur Life360. Le bonhomme est expérimenté, et de confiance mais j'y peux rien, je te l'ai dit, je stresse !

Ha oui, parce qu'en revanche, ça je ne te l'ai pas dit: nous on monte en avion! Avec 26.000 km à parcourir du nord au sud, on allait pas non plus s'infliger 3.700 km de peine supplémentaire pour monter à moto au Cap Nord. Pas que je n'en sois pas capable (je l'ai déjà fait 3 fois) mais il faut savoir contenir et limiter les risques dans cette histoire incensée ! Puisque je te dis que je stresse !

Je stresse aussi de savoir que nos carnets de passage en douane qui nous permettront de transverser l'Afrique et de faire entrer puis sortir nos deux Ténéré sans souci, ne sont pas encore arrivés et que nous sommes censés les récupérer lors de notre passage éclair sur Paris dans 7 jours.

Je stresse parce que prenons l'avion pour le Cap Nord avec nos seules cartes d'identités, nos deux passeports respectifs étant encore bloqués en ambassade pour se voir tamponnés des ultimes visas ! T'as beau t'y prendre à l'avance, tu finis forcément à l'arrache, à la bourre, en stress quoi !

Je stresse parce que le Cap Nord est actuellement coupé du monde. Voilà quelques décennies qu'il n'avait pas connu pareille tempête de neige et avalanche. La route est coupée jusqu'à nouvel ordre. T'imagines toi que notre aventure Kap2Cap ne puisse pas réellement commencer depuis le Cap Nord. J'ai bien lorgné sur un autre pont distant de 15 km qui se dit être le VRAI Cap Nord mais c'est 10 km de marche en été. Sans doute impossible à rejoindre à moto avec les congères actuelles !






J'ai aussi beaucoup stressé de savoir mon compagnon de route, Amaury, engagé sur l'Africa Eco Race, quinze jours avant notre départ ! Quand je l'ai vu rentrer dans les 20 premiers , j'ai fait une crise cardiaque ! Suivie d'une embolie pulmonaire quand il m'a demandé de lui recommander un casque car le sien était mort suite à une énorme chute. J'étais en état de mort clinique absolue lorsque j'ai pris un dernier coup de hache en travers du crâne parce qu'il s'arsouillait avec le norvégien Anders pour remporter la catégorie malle moto. Il ne m'est resté qu'un mince filet d'air que j'ai mis à profit pour préparer ma moto comme si je partais désormais seul. Démonte pneus, dérive chaîne, disques d'embrayage, leviers, etc, etc ... et puis non ! Enfin presque. Car après une ultime pelle sur le bitume, le gazier est monté sur le podium. 14e, premier français, frippé, limé, rapé, poncé mais entier ! Il a fallu refaire tout le chargement pour se le répartir à nouveau ! Je stresse !

Je stresse aussi de tout foutre par terre sur une bête chute sur les routes norvégiennes enneigées ... plus que sur un appui de dune au fin fond de l'Afrique!

En revanche, je ne stresse pas (peut-être à tort) des multiples mises en garde que l'on me fait sur l'Afrique. Les pirates de la route, Ébola, Zika, Chikungunya, j'arrive pas a stresser. Les improbables 200 dollars pour passer soit disant du Congo à RDC non plus! Les "gilets jaunes" du Front Polisario ou de la Guinée non
plus !

Y'a sans doute bien plus de chance que mon bagage, que j'ai mis en soute au départ de Roissy Charles de Gaulle, n'arrive pas en Norvège. Non ? Bah si, ça, c'est vraiment arrivé! Ça m'apprendra à m'être préparé à trop de confort. Dans mon sac égaré sur un chariot à bagages sur le tarmac d'un aéroport exposé aux -30 degrés que subit la Norvège en ce moment, se côtoient sans doute joyeusement chaussettes gants et gilets chauffants ainsi que mes bottes et ma tenue de moto !






Et tu sais quoi? Bah je trouve ça plutôt rassurant que ce voyage commence comme ça ! Sans galère, pas d'aventure ! Alors je me suis rabattu sur le blouson et le pantalon de ski d'Amaury. Pour les gants, bah quand j'aurais perdu trois phalanges, je te demanderai de me tricoter et de m'envoyer ces fameuses moufles destinées aux petits lépreux de Jakarta !

Du côté d'Alta et après avoir rejoint Moss, le fourgon et les deux yamaha Ténéré 700, on a enfin sorti les motos du fourgon pour les 100 derniers kilomètres qui nous séparent de notre point de départ le Cap Nord! L'inquiétude et l'angoisse ont commencé à me chatouiller à nouveau ! Faut me comprendre, la météo annonçait qu'on allait avoir beau temps et que le convoi pour le Cap Nord se remettait en route.

En attendant notre vrai départ, demain, on s'est offert un charmant hôtel a Honningsvåg: the View! On a fait sauna, hamman et jacuzzi en extérieur, sous une incroyable voûte céleste, en dégustant une bière et ... une poignée de bonbons Haribo (nos femmes vont gueuler)! Bah ouais, tu crois quoi ? Tout le confort qu'on ne va pas avoir en Afrique, on essaie de se l'offrir par avance! D'en engranger ! Après une heure de jacuzzi, les doigts de pieds bien palmés, on est sorti et ... restés en slip. Une heure dans le vestiaire ! On avait oublié de prendre la clé de notre chambre et la réceptionniste s'était absentée! Quand je te dis que tout se présente bien, malgré mon stress !
Et n'oublie pas  :wink:
https://m.fessedebouc.com/mecenat.chirurgie.cardiaque





Des faux airs a Raynald non ? :lol:

sio


montludo

En ce moment, je visionne la chaîne Youtube BLKMRKT où un mec poste ses voyages en moto.

Maroc, les Balkans, l'Islande, le Portugal....

Je suis également les préparatifs de 3 motards du forum transalp, un était aux Millevaches. Ils partent 1 mois au Maroc en avril.

Ils me font rêver ces cons, mais je sais que je vais les imiter tôt ou tard. Michel si tu me lis  :sifflene: :sifflene: :sifflene:  :wink:
Ave Caesar, morituri te salutant.

alf

Seul le présent est éternel....

montludo

#4
Citation de: alf le Jeu 30/01/2020 à 08:04
On va où ?   :++: :clan:

Dimanche, devant le magret de canard, faut caler la semaine d'août pour commencer  :D
Plus GP Aragon, Wheel's and Waves, toutes ces conversations vont nous donner la pépie  :beer:
Ave Caesar, morituri te salutant.

Fanou





J'en étais où moi déjà ! Ha oui, hier, après un haribo/bière dans un jacuzzi, lequel s'est éternisé jusqu'à 20h00, on a failli ne pas manger. Oui parce qu'ici le soleil se couche à 13h30. Le norvégien passe donc au souper à 16h00 suivi du JT de la nuit à 17h00 et dodo à 17h30. Les plus punks d'entre eux, se feront une émission animalière jusqu'à 20h00. Hier, dans une station service, la caissière a demandé à Amaury s'il avait vu le soleil, aujourd'hui ? Il a répondu que oui ! Ne vas pas croire que c'était pour la taquiner ou la faire déprimer ! Nooonnn, c'était VRAI ! On avait vu le soleil, et pas seulement sa couleur flamboyante et rougeoyante à l'horizon. Non sa bonne bouille ronde toute entière ! Là, Amaury a lu dans ses yeux une pointe ... non que dis-je, un pic, un cap, une péninsule de jalousie et d'envie mêlées à un profond dégoût à notre égard !



Bon, je bave, je bave et toi t'attends qu'une chose ... quand est-ce que j'envoie la purée ? Quand est-ce qu'on parle moto, roulage, voyage, kilomètres, mal au séant ? Après tout on est là pour ça non ? En montant sur la Ténéré 700 ce matin, pour rejoindre le Cap Nord (toujours sans mon équipement moto) j'ai réalisé que l'histoire commençait vraiment ! D'ailleurs, tu sais quand le voyage commence vraiment pour moi? Tu sais le truc qui me transporte le plus au bout du bout du monde alors que j'ai même pas mis un coup de démarreur ? Le poste de pilotage ! Et là , sur la Ténéré 700, je suis servi ! Compteur façon dérouleur de road-book à la verticale. Juste au dessus vient prendre place un gros GPS Garmin 276cx. Juste à côté: des supports Go Pro, des protège leviers, des rehausses guidon pour une meilleure maîtrise en off road. Une prise allume cigare et une banane de guidon dans laquelle viennent se loger les recharges de Go Pro. Franchement, plus de bordel, c'est difficile. Mais j'aime bien ce petit chez moi et ce côté "tour de navigation" façon Dakar !

7h30 du matin : contact ! Nous attendent une route en bord de fjord: congelée. Un petit col: enneigé. Un plateau : immense et balayé par les vents, puis une descente : verglacée. Et nous serons à la barrière où il nous faudra attendre une mise en convoi, encadrés par des chasse-neige pour parcourir sans risque les 13 derniers kilomètres !

Debout sur les repose-pieds, on prend la mesure de l'absence de grip ! En fait c'est exactement le contraire des sensations sur route. Tu es en perte d'adhérence permanente et tu recherches quelques rares moments de grip. La moto flotte comme si tu avalais une piste sablonneuse remplie de traces longitudinales. Ne pas chercher à en choisir une plus que l'autre, laisser faire, s'en foutre, en rire (ou presque) de toute façon y'a rien à faire !!!

La mince bande noire du centre t'attire mais elle s'avère finalement plus glissante. Les bords plus mous et profonds te font redouter de croiser l'avant ! Pourtant les kilomètres passent et la confiance pointe le bout de son nez. Les 250 clous avant fournis par mon poto Raphaël de 2RTeam font un boulot remarquable. L'arrière est un peu moins secure et agressif. Mais la conception même du clou reste un savant équilibre entre sa partie saillante et la partie qui pénètre le pneu. A l'arrière, il y a moins de matière pour les visser donc la partie visible du clou a moins d'épaisseur ! Pas grave, le moteur de la Ténéré 700 fait lui le reste du boulot. Souple, doux, hyper progressif, l'absence de traction control qui pourrait se faire sentir sur la neige, n'est finalement absolument pas un problème !

La seule "galère" que nous avons eu jusque là reste un garde-boue avant cassé ! Comme du verre, en le frôlant avec un sac d'affaires. T'emballes pas, c'est pas la faute de sa conception, juste qu'à moins 30 degrés tout devient cassant comme du verre !



Le convoi n'est qu'à 11h00, on en profite pour te soigner de belles images: caméra sur pied, Go Pro, perche de 4 mètres avec un stabilisateur Osmo Pocket au bout. Et drone avec de très grosses frayeurs. Au bout de 5 minutes de vol, le téléphone qui me sert d'écran de contrôle s'éteint... trop froid ... laissant le drone seul en stationnaire a un kilomètre de là! Vite, sortir le deuxième téléphone, le brancher, récupérer la réception et faire revenir tout ce petit monde à la maison. Sain et sauf.

11 heures, le convoi se met en place ! Nos sommes priés de fermer la marche. "Je ne doute pas de vos qualités de pilote" nous affirme le chef du convoi ... mais c'est la règle ! J'imagine pour ne pas se bourrer sous les roues d'une bagnole qui suivrait de trop près ! Et finalement c'est pas plus mal. On laisse filer le convoi au loin, avec cette impression, d'être désormais seul au monde !

Ces derniers kilomètres sont d'une rare intensité. Entre d'impressionnantes congères, une neige légère qui part dans un ballet de tourbillons fous et le soleil pourpre qui fait des pointes à la surface de la terre. Au loin, une falaise de 307 mètres, pile à la verticale exacte des 71° 10 de latitude nord ! C'est là. On pourrait croire à une arrivée. Ce n'est que notre point de notre départ ! Plus qu'à faire demi/tout pour ... 26.000 km !!!!








JLG

J'ai tout lu !!!!!

Un beau trip blanc bien décrit par un bon narrateur. J'aime.







A faire au Printemps ou en été.
Les - 30 degrés, trop peu pour moi, je passe mon tour...














Sauf peut être pour les Caulois Gouillus :wink:
"Jésus avait un Macintosh , il vous pardonne tous vos Pécés"


Bigou

Je préfère plutot les versions filmées ... plus Zolies ...! :arf: :arf:
Motardus Motardum Fricat !

Fanou

Ces récits sont excellents mon Bigou , la vidéo arrivera apres la fin de leur trip  :wink:

Fanou

Je sais, je sais, je sais ... Je sais que tu es impatient d'avoir des news de notre petite balade dominicale sous les tropiques ... Seulement là, j'avoue qu'entre les bornes quotidiennes (voir nocturnes) à abattre, les nécessités du tournage, la fatigue commence à faire son détestable boulot de sape. Prendre le clavier le soir demande un réel effort supplémentaire. Paupières lourdes et cerveau embrumé emportent facilement le combat. De façon presque grotesque. Pourtant, la tentation est là. Car sous la pression d'Amaury, je me suis enfin décidé à acheter un mini clavier USB, pour t'écrire tout ça et éviter le ponçage du pouce gauche en tapotant frénétiquement sur mon iPhone.?
Ça va hein, on a le moral mais c'est vrai que nous commençons à comprendre ce que ces 26.000 km que avons choisi d'avaler en deux mois, requièrent d'efforts, d'abnégation, et de quasi absence de sommeil.

Heureusement, on a bien avancé. La Finlande et ses routes enneigées mais finalement faciles comparées aux tortillards de la Norvège? C'est fait ! La Suède, chiante avec ses longues allées rectilignes bordées de sapins et de villes aux noms imprononçables au point de se croire dans un parcours Ikea? Fait aussi. Danemark, Allemagne, Belgique: sans commentaire mais "done". Aussi !??Arrêt éclair sur Paris chez Yamaha Motor France pour virer les pneus à clous afin de chausser quelque chose de plus fréquentable mais surtout autorisé. Surtout ne pas traîner, ne rien lâcher, rouler, gagner du temps.??France/Espagne via les hauts plateaux de Madrid par des températures carrément clémentes en ce mois de février ? C'est fait. Hormis la perte de mes bagages (retrouvés), faut dire qu'on a un bol de dingue depuis notre départ. Fermé depuis trois semaines, le Cap Nord a ouvert deux jours et ... refermé le lendemain de notre passage.

Là, tu te dis: "mais ils sont complètement débiles". Oui forcément un peu, pour faire ça. Mais pas complètement non plus ! La Norvège en hiver, l'Europe, l'Afrique du Nord, je te l'ai ai déjà racontés dans de précédentes vidéos. Et surtout, on sait que l'aventure va vraiment commencer un fois quitté le Sénégal. Le temps "gagné" actuellement deviendra alors un précieux allié. Un allié pour les passages aux frontières, jamais simples. Pour franchir les pistes improbables qui nous font rêver depuis maintenant quelques mois sur Google Earth. Pour les rencontres impromptues et les visites auprès des enfants opérés par Mécénat Chirugue Cardiaque. Pour mieux te faire découvrir l'inconnu, l'Afrique noire, qui nourrit notre imagination fertile depuis maintenant quelques mois.

Seulement tu vois, après avoir pris le ferry pour le Maroc hier après midi pour ensuite filer de nuit sur Fes, bah, le doute s'est installé. Je te rassure hein, j'ai pas trop gambergé cette nuit, j'ai dormi d'une traitre, comme rarement. Et même égoïstement serais je tenté de dire, car ... sans penser une seule fois à toi. Ni à rien d'ailleurs pour une fois. Reste qu'au petit déj, l'interrogation sur ce rythme infernal, planait toujours sur nos deux têtes. Sans s'être concertés jusque là, Amaury m'a suggéré une petite visite de Fès suivi d'un départ cool pour Boulmane Dadès (530 bornes dans la journée quand même), histoire de retrouver le goût du voyage. ??Là, tu vois, ça a été délivrance. J'ai eu l'impression que quelqu'un venait enfin de s'apercevoir que le programme essorage tournait depuis maintenant huit jours et qu'il était temps d'appuyer sur "stop". Et le temps perdu dans tout ça? Pas grave, on va reposer les bases du voyage, de la découverte, inch allah !

Yamaha Motor
SHOEI France
SW-MOTECH France
Amaury Baratin
#kap2Cap
#tenere
Et n'oubliez pas ce voyage sert à collecter des fonds pour l'association Mécénat Chirurgie Cardiaque! Objectif 26.000 euros pour opérer deux enfants

L'Ours



Des faux airs a Raynald non ? :lol:

IMPOSSIBLE, LE GUS SOURIT PRESQUE  :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
Cours, Bizut, cours, l'ours te rattrapera toujours !

Attention, Ours sans humour : Femmes, enfants, parents, terre et drapeau, Normandie & Mont St Michel : Sujets sensibles

Ah, si au fait, j'aime po les cons !

Fanou





Dimanche dernier. L'immense porte métallique s'ouvre et le ferry nous crache de sa carcasse sur le continent africain, cœur de notre voyage. Douanes, tampon, vérification des cartes grises, fouille, les formalités s'avèrent malgré tout quasi expéditives. " Soyez les bienvenus au Maroc". Il est 15h00, 300 petits kilomètres nous séparent de Fès. Encore un dernier effort dans notre descente tgvesque et on va enfin pour pouvoir prendre le temps.

A ce sujet, ne te méprends surtout pas. 5.500 kilomètres en 6 jours, Il n'y a là aucune envie de battre un quelconque record de vitesse. Kap2Cap (Cap Nord/Capetown), comme titre de "travail" et comme base de rêve, c'est vrai que ça claque .. mais t'ayant déjà pas mal raconté la Scandinavie, l'Europe et l'Afrique du Nord dans mes vidéos, mon envie était cette fois ci de t'amener au cœur de l'Afrique noire, à bord de nos T7, et de prendre enfin notre temps pour découvrir, échanger, découvrir. T'inquiète, je ne mets pas de côté le plaisir ????

La nuit a ressemblé à un black out total. Panne de son et d'images comme ça nous arrive rarement. Tu m'étonnes. Réveil, petit déjeuner et tour de la Médina de Fès qui m'a toujours fascinée. Je vais pas te faire l'article sur cette perle inscrite au patrimoine de l'Unesco, sinon tu vas te barrer. Je vais juste te dire ce que j'ai retenu de notre guide costard/cravate. C'est ici à Fès que les chiffres arabes ont été inventés. Ici que l'on trouve l'une des très rares copies originales du Coran. J'ai aussi appris que, comme le voulait le Coran, les femmes étaient enterrées dans des cercueils, les hommes uniquement dans des linceuls. J'ai aussi appris que la chaux vive ne brûlait pas, en tous cas à en croire les mecs qui travaillent avec de simples waders, immergés jusqu'au cou dans les bacs de l'impressionnante tannerie de Fès.






Dubitatif sur cette dernière affirmation, on a refait nos bagages, mis un coup de démarreur et filé en direction de Rich, en traversant les sublimes forêts de cèdre. Sur une petite route qui file en lacets, trois panneaux indicateurs se suivent. L'un pour une réduction de vitesse, l'autre pour un rétrécissement de voie et un ultime pour ... signaler la présence de singes. Des macaques plus précisément qui ne semblent pas craindre le froid et la neige. Arrêt curiosité, photo et miam miam. Mais non, je vais pas les nourrir de toutes ces saloperies que leur file tous les touristes chinois (ils sont plus d'un million à être attendus au Maroc cette année).

Au fond de mon sac, un précieux sachet. Un mélange de noix de cajous, de cacahuètes, amoureusement préparé par Marie, ma femme. Tu sais le fameux "y'a des graines Lolo? Tu veux des graines?" dans ma vidéo sur le Pérou. Ce sachet est censé nous servir de petit déjeuner lors des bivouacs. Je file le sachet à Amaury qui fait grimper le singe sur la Ténéré 700 et commence la distribution. Souhaitant immortaliser l'instant, Amaury quitte le macaque des yeux, une demie seconde, pour déclencher sa Go Pro... bras bien tendu avec notre trésor au cœur de la paume de sa main. Et là, le mec (à ce niveau de filouterie j'appelle plus ça un singe), bref le mec tend le bras et s'approprie, fermement et sans équivoque, le sachet. Amaury tente un bras de fer mais sans succès. Le mec tire plus fort, tourne les talons et grimpe dans son arbre pour se faire sa propre opinion sur le choix de nos arachides.



Oui, t'as bien lu. Le mec, malin comme un singe (je parle d'Amaury cette fois-ci) l'essence même de la débrouille, de la ruse, venait de se faire blouser par un ... macaque. Pour une poignée de cacahouètes et un mauvais bras de fer. Je ne te dis même pas sa tronche. Bon allez, je vais t'en raconter une deuxième.

Malins comme des singes, on venait d'effectuer la coupe du siècle. Plutôt qu'un long détour par la route, on avait décidé de franchir un col off road, le col du Ouano qui sépare le Dadès et le Todra, à 2.767 mètres d'altitude. Début février. Futés les gaziers ... enfin, les parfaits abrutis quoi. Mais on a réussi. En redescendant dans la vallée, on a plongé dans les gorges du Dadès avec un mercure qui frôlait désormais les 20 degrés. L'attention pouvait se relâcher quand là, au détour d'un virage, un truc luisant au sol qui se profile sur une bonne cinquantaine de mètres. Putain, surtout, ne toucher à rien, laisser filer, jouer l'équilibriste, ne pas regarder au sol. Mais cinquante mètres sans être assuré, ni encordé, c'est long.




Gentiment, l'avant commence à croiser puis l'attraction, l'amour du bitume se fait plus fort, plus tangible. Zip le pingouin, scrouitch le carénage. Pendant ma longue glisse (je relèverais la moto sur le 5è rapport), j'entends la même chose derrière moi. Amaury vient de chuter. Toujours pendant ma glisse, je me retourne et vois Amaury face à moi qui me fonce dessus, à terre, mais guidon bien en main. Façon MotoGP. Alors que je réussis enfin à m'immobiliser, Amaury et sa T7 me doublent (quel esprit de compétition quand même ???? pour s'arrêter à ras du rail dix mètres plus loin ! Regard croisés, surpris mais amusés quand même. Personne n'a rien, les motos sont indemnes, la bagagerie a amorti tout le choc et est un peu râpée.

J'hallucine. Faire autant de bornes, venir du Cap Nord (ou Amaury a quand même pris 154 km/h de vitesse maxi, avec les pneus cloutés mais chut, je t'ai rien dit) pour se rétamer là, comme des bouses par 20 degrés ! Le voyage n'a jamais rien de certain. Lorsque tu entreprends, la première chose que l'on t'enseigne, c'est que le but, l'arrivée seront sans douter bien différents de ce que tu avais imaginé. Il te faudra affronter les vents (forts puy absents), prendre des décisions, inattendues et barrer au mieux. Là, on vient de prendre un premier et sérieux avertissement, signe que tout peut s'arrêter en une fraction de seconde dans notre entreprise.

Amaury Baratin
SHOEI France
SW-MOTECH France

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https://relaisducoeur.mecenat-cardiaque.org/.../from-ice-to-f...

Fanou

"Seul un idiot mesure la profondeur de l'eau avec ses deux pieds". Proverbe africain. Comprends que la sagesse aurait théoriquement du nous faire renoncer à cette aventure mais que nous y sommes allés de bon cœur et en y mettant ... les deux pieds.

Pourtant, sur ce petit col off-road (Ouano) qui permet de relier la vallée du Draa à celle du Dades, le témoin de la sagesse s'est tout d'abord manifestée sous l'apparence d'un berger. Mais pas n'importe quel berger hein, ni n'importe quelle sagesse. Un berger avec au moins 300 têtes de brebis. Ici, dans cet endroit reculé du Maroc, ça doit quand même commencer à peser dans le game. Je veux dire en termes de respectabilité.

Et puis il y avait ce visage buriné, comme toutes ces montagnes séculaires alentour. Une peau à la fois lisse, et interrompue par de profondes et régulières crevasses. Et deux petits yeux perçants. Bref, ça sentait l'expérience, la ruse, le Sioux, le Comanche, la connaissance parfaite du terrain, des conditions météo pour protéger et faire prospérer au mieux son troupeau! Un sage quoi, un vrai ... du genre à te déconseiller de mesurer la profondeur de l'eau avec les deux pieds.

Donc, quand un mec comme ça t'interpelle pour te dire, super gentiment, que là, non, sur cette piste, ça passe pas en moto, bah normalement tu l'écoutes ! Surtout si le type ponctue l'affaire de mots comme "problèmes.". Et même "gros problèmes, dans six kilomètres". Parce que "la neige, la boue, le froid", et un col à 2.800 mètres d'altitude. Tout ça quoi en plein hiver, c'est pas raisonnable. Bon, en même temps, un mec dort la nuit, en djellaba, au milieu de son troupeau par zéro degré sans chaussettes ni slip chauffants, dans le genre pas raisonnable ...

Le problème, c'est que nous, on avait faim. On était même de purs crevars, en soif de sensations fortes après toutes ces bornes en ligne droite. On aurait sauté sur n'importe quelle piste, n'importe quelle difficulté pourvu qu'on en bave, que ça glisse, qu'on soit limite, quitte même à s'en mettre une ou deux petites. Gentiment hein, en tout bien, tout honneur, juste pour le fun.

Alors, poliment, on a remercié le monsieur de la sagesse, pour ses précieux conseils avisés, on lui a fait comprendre qu'on avait bien saisi le sens et la portée de ses propos mais ... on a mis la première et on est partis ... dans la direction où il ne fallait donc, pas aller. La sagesse aujourd'hui, c'était pas notre truc. Pas mal de boue, bien grasse, glissante. Heureusement, nos pneus Michelin Desert Race que l'on maudit sur la route (au point de presque regretter nos pneus clous) abattent dans ces conditions un boulot phénoménal. Puis la neige par plaques de 10, 15 ou 20 mètres . Un 4x4 semble être passé juste avant nous et a creusé de profonds sillons, uniques, hypnotisants.

Chaud. Ne pas se focaliser sur les sillons, regarder loin, très très loin. Jouer des appuis sur les repose-pieds. Grimper coûte que coûte à 2.800 mètres .. . ne pas subir l'échec qui reviendrait à faire demi-tour pour subir un immense contournement par la route, à nouveau. Un dernier effort, je lève la tête au loin pour apercevoir le col et... deux silhouettes qui semblent nous attendre. Deux motos et une voiture plus exactement. Je sais pas pourquoi, de suite, j'ai pensé aux flics (à cause de mon drone interdit au Maroc). Bon, j'allais pas faire demi-tour là, sous leurs yeux, restait plus qu'à assumer. Je me suis quand même dit que, même si cette petite piste oubliée était fun, on aurait du écouter le sage...

C'est sûr, on va se faire serrer. Et puis non. En fait, ce sont deux suisses en BMW F 750 Tractopelle@ rabaissées, équipés en pneus de route, suivis par un guide marocain. Ils ont l'air exténués, vidés, limite terrorisés, alors qu'il viennent seulement de monter par le côté praticable. Devant eux l'enfer ! Ils ont l'air effrayé par la neige, la boue et les ornières qui les attendent pendant une bonne vingtaine de kilomètres. Ils nous assaillent de questions pour savoir s'ils doivent s'engager dans ce bourbier verglacé. Ou pas. Nos réponses ne leur suffisent visiblement pas, ils restent tétanisés, incapables de décider.

Avec Amaury, si tu te souviens bien, on venait de mesurer la profondeur de l'eau avec les deux pieds donc on était pas les meilleurs conseillers. Et puis, j'hésite toujours dans ce genre de situation. En quoi, serais-je meilleur qu'eux ? Les dissuader ne serait-il pas les priver de leur part d'aventure, de surprise, de moments à raconter puissance dix, une fois rentrés. Auprès de la famille et des copains. On s'est regardé avec un regard complice avec Amaury, on les a rassurés, en leur disant que les deux pieds bien à terre, en faisant le pas du patineur, ça passerait toujours.

Je leur ai également fait débrancher les ABS (ils ne savaient même pas où c'était) pour pas qu'on les retrouve trop loin dans le ravin. Les deux mecs se sont élancés et on ne les a jamais revu. N'y vois aucune malveillance ni malice de ma part, au pire que risquaient-ils ? Une nuit bien au chaud, au milieu d'un troupeau de brebis, avec un sage berger marocain.

De notre côté, on a basculé de l'autre côté de la vallée avec nos Ténéré 700. Chargées comme des mulets, la nouvelle Yamaha est un sacré compagnon de voyage que je qualifierai "d'engagé". Certains pourront y voir, un petit trail parce qu'elle ne fait pas 1000 cm3 et 100 chevaux. Après plus de 7.000 km à son bord, je n'ai personnellement pas du tout cette sensation. Avec ses 35 kilos de bagages, j'ai même l'impression qu'elle fait pile le bon gabarit. Agile, facile, dans cette petite descente tout en gravette, la Ténéré accepte les placements au frein arrière dans les courbes serrées. Doux, hyper facile à exploiter, son twin 700 sait aussi se montrer hyper convaincant. Que ce soir pour provoquer la glisse, ou se sortir d'un sable profond.

Je ne renie pas nos vieilles Transalp de notre dernier voyage, mais ne pas reconnaître les bienfaits de la rigidité de son châssis et l'exceptionnelle qualité de ses suspensions, serait assez malvenu. Pour être en accord parfait avec notre utilisation off-road, nous avons opté pour des réhausseurs de guidon, ainsi que pour la selle rallye qui offre une vraie position enduro16h00: il ne nous restait que 484 km à parcourir pour rejoindre Agadir où nous sommes hébergés par Géraldine Brucy, femme d'un ex tout bon pilote du Dakar. Un havre de paix (Jean tient à Agadir une agence de randonnées moto) qui nous permettra de recharge les batteries et de t'écrire dans de bonnes conditions. Merci les Brucy ????

Fanou

#14




Agadir / Laayoune: 639 km
Laayoune / Mauritanie : 1.074 km?Mauritanie / Dakar : 820 km?Moi j'appelle ça les journées contrition ou pénitence. Tu montes sur la moto, tu passes la première et ... t'attends que ça se passe. Pendant des kilomètres et des kilomètres, tu réfléchis à ton sort. Je sais pas si j'ai quelque chose à me faire pardonner (en cherchant bien, hein ...) mais ça me laisse du temps pour moi. Tiens, ça me fait penser à cette étonnante rencontre faite au Rajasthan.

Je filais doux sur une Royal Enfield lorsque je double un truc improbable. Au début , j'étais pas sûr. Mon cerveau me disait: "tu viens de dépasser un mec qui se met à plat ventre, lance au loin une noix de coco, rampe (toujours à plat ventre) jusqu'à sa noix de coco pour la récupérer. Puis le type se relève, s'allonge à nouveau sur le bitume de cette nationale pour lancer encore et encore la noix de coco.". J'ai dit à mon cerveau: "t'es sûr de ce que tu dis là ?". Il a pas su me répondre, alors j'ai fait demi-tour ... pour constater que cet abruti avait raison. Y'avait bien un mec qui jouait au "pousse noix de coco" au milieu des bagnoles et camions.??On appelle même ça: "les pénitents". Un truc qui leur permet de se faire pardonner leurs péchés et de se racheter. Bah moi, ces longues journées de moto me donnent l'impression d'être parfois un pénitent. Bon, je ne suis pas non plus hyper assidu dans le remord et les avé maria. Je laisse souvent mon cerveau s'échapper, réfléchir à ce qu'il manque (ou pas) dans ma vidéo. Des paysages, du drone, des rencontres ...??Mais surtout et aussi étonnant cela puisse paraître, ces longues journées programmées sont parfois les plus ponctuées par .... l'imprévu. Tiens j'ai beau avoir déjà passé le fameux no man's land qui sépare le Maroc de la Mauritanie plusieurs fois, ça reste un moment toujours étonnant. Là, on nous a demandé de retirer nos casques et de nous inscrire dans une file piétonne. Un mec en blouse blanche et masque d'hygiène pointe une sorte de pistolet sur notre front ... pour vérifier que nous ne sommes pas fiévreux et porteurs du coronavirus. Amaury a flippé en se disant qu'avec la chaleur qu'il faisait et nos casques, on risquait de de se faire refouler. Mais finalement non.



A la frontière Mauritanie/Sénégal, la surprise va se manifester par des taxes qui ne cessent de se multiplier. Pour sortir de la Mauritanie, un mec te demande de payer la taxe de la commune. "Pour quoi faire?". "Pour la commune" te répond-on. Logique. En échange de cette dîme, on te tend un reçu où est inscrit "parking". Va comprendre. Enfin si, je comprends que trop bien.

Ensuite, il y a une taxe pour passer le pont barrage qui franchit le fleuve Sénégal... De l'autre côté: nouvelle taxe de la commune, mais de la commune côté Sénégal cette fois-ci. J'ai quand même essayé de protester un peu face à cette inflation de taxes en demandant aux policiers si c'était légal. Réponse: "ça, c'est une affaire entre toi et lui." Entre celui qui te taxe et moi donc. En gros, démerde toi.

Ensuite, tu files voir le mec aux douanes sénégalaises pour faire inscrire ta moto sur ton passeport, le fameux passavant. Là, le douanier te réclame 10 euros de taxes à nouveau. Amaury s'est offusqué en disant qu'il était déjà venu voilà quinze jours avec l'Africa Eco Race et que c'était gratuit. Ce à quoi le douanier a rétorqué un imparable "si tu es déjà venu ici, alors tu sais comment ça se passe." Bon moi, j'avais pris le partie d'en rire en suggérant le mot arnaque. Ce qui les faisait tous marrer.

J'en ai même profité pour semer un peu la zizanie. Un passeur voulait me vendre une carte SIM pour mon téléphone. J'ai dit que je ne pouvais pas. Que je n'avais plus d'argent car le douanier m'avait pris 80 euros (en réalité c'était dix). Je voulais faire croire que les douaniers étaient encore plus corrompus que ce que eux-mêmes pouvaient imaginer. J'étais tellement sérieux que le doute s'est installé. Enfin, avant de partir, je leur ai tous tendu la main en marquant un temps d'arrêt: "il y a une taxe pour la poignée de main ?" ai-je demandé ? Ils m'ont dit que non avec un franc sourire. Alors je leur ai tous serré la main et on s'est cassé.??La surprise de ces longues journées de roulage peut prendre parfois et encore, un tout autre visage. Au sud de Nouakchott, il existe une piste qui coupe et permet de rejoindre la frontière de Diama sans passer par Rosso. A l'est de cette piste, tout au bord de la mer, Amaury a repéré sur son GPS un point d'intérêt nommé "the beach behind the dunes" . Que l'on traduira facilement par "la plage derrière les dunes." Hé ho, t'imagines toi? T'as une Ténéré 700 avec une belle roue avant de 21 pouces, une garde au sol de fou, des pneus à crampons, tu fais quoi ? Tu coupes. Et même au cap, pendant 30 bornes. "Ha oui, mais là, Amaury, regarde, y'a quand même un shot (un lac asséché)" ai-je opposé. "Oui mais par 38 degrés, il doit être bien sec ton lac". Soit, si tu le dis. On coupe. Au cap. On saute par dessus de petits buissons, on zigue, on zague.??On finit même par rejoindre une petite piste sablonneuse qui vire de droite à gauche avec de jolis petits appuis bien durs. Le terrain parfait pour se prendre pour un grand champion. Même sans talent de pilotage aucun. On enroule généreusement, d'autant qu'on aimerait bien planter notre bivouac de l'autre côté des dunes avant la nuit. La lumière est juste magique. J'en profite pour faire quelques prises de vue avec Amaury qui part dans de grands dérives. La lumière baisse encore d'un cran. Vite, je range le matos vidéo, enfourche la moto et nous partons dans une chevauchée insensée sur ce shot.??Tiens, le régime moteur semble s'effondrer? Le pneu arrière s'enfonce même un peu. Petite louchée de gaz supplémentaire et les pneus remontent à la surface. C'est con: à droite, y'a des buissons, on devrait s'en rapprocher, ça serait sans doute plus porteur. Mais non, on coupe. Au cap, droit vers les dunes. D'un coup, je vois l'arrière de la moto d'Amaury s'enfoncer, inexorablement, dans le sable. Comme happée par un gouffre. Dans un effort surhumain, Amaury parvient à s'en sortir. Ce qui n'est pas mon cas. Coincé, je suis fait comme un rat dans ce piège. Amaury ne gagnera que 20 mètres supplémentaires avant d'être à son tour la victime d'un piège qui vient de se refermer. ??On pousse, on tire, on cravache. En première, en deux. On soulève, on tente de s'en sortir sur le couple. A côte de la moto, assis dessus, en tirant la roue avant. Rien n'y fait, nous sommes prisonniers. La nuit tombe. Même nos bottes s'enfoncent dans ce marécage. En sortant la roue arrière, on constate que le trou béant laissé par celle-ci est rempli d'eau. Merde. Qui plus est nous sommes une nuit de pleine lune, ce qui augmente les risques de forte marée. Enfin notre GPS indique que nous sommes légèrement en dessous du niveau de la mer. Bref, ça craint.


Partout autour de nous, de petits ronds blancs d'un mètre de diamètre, témoins d'une eau salée qui s'est évaporée récemment. Pire, des dizaines d'ossements gisent sur le sable. Un troupeau a sans doute récemment fait les frais de la même imprudence. Il fait nuit. A force d'efforts, nous parvenons a sortir ma Ténéré. Mais celle d'Amaury est au pire endroit. Nous allons y passer deux heures. Récupérant des taillis et fabriquant un chemin porteur pour la roue avant de la moto avec ... les ossements récupérés au sol (la hanche étant remarquable d'efficacité). 23h00, les deux motos sont enfin sur un sol porteur.

Deux solutions, planter la tente ici, ce qui est d'un coup moins sexy que "the beach behind the dunes". Ou rebrousser chemin pour trouver un village et de l'eau pour tout nettoyer et ne pas risquer de niquer les roulements, les joints spy, la chaine, les capteurs d'ABS ou que sais-je encore, en raison de la boue qui sèche.



Là, je sais que tu vas pas me croire. Mais, d'un coup, de longs hurlements en meute sont montés dans la nuit. Là, juste à côté de nous. Hyènes rayées, tachetées, chacals, fennecs, il y a tout ça en Mauritanie. Alors certes, il paraît que les Hyènes d'Harar en Éthiopie sont connues pour être les éboueurs de la ville et n'ont jamais mordu qui que ce soit, mais ça va quand même nous aider à prendre une décision sage... retourner à la civilisation.

23h30, dans un village, nous trouvons un mec qui possède un jet d'eau. Deux heures durant, nous allons nettoyer motos et bonhomme de cette fange. Ça ne sentait pas que le marigot cette histoire, mais aussi et un peu la défaite. Heureusement qu'ici, en Afrique, le proverbe veut que "l'erreur n'annule pas la valeur de l'effort accompli."

Yamaha Motor
SHOEI France
SW-MOTECH France
Amaury Baratin
#kap2Cap
#tenere
Et n'oubliez pas ce voyage sert à collecter des fonds pour l'association Mécénat Chirurgie Cardiaque! Objectif 26.000 euros pour opérer deux enfants

https://relaisducoeur.mecenat-cardiaque.org/.../from-ice-to-f...