En fait, tout à commencer à Salindres, le 16 juin, à l'issue de la course de Mobylette. Et si je fais remonter l'histoire aussi loin, c'est pas juste par goût de faire des phrases, le détail à son importance par la suite.
Donc, alors que tout le monde ripaillait joyeusement après notre remarquable performance, une douce voix m'interpelle : « dis, Hervé, ça ne te dirait pas de venir faire de la piste avec moi, en débutant. Y'a une journée à Ales le 30août. »
D'abord surpris par la proposition de la gourgandine, je ne trouvais sur le moment de raison de refuser. Les modalités sont vite fixées, je dois m'inscrire sur le Net et démonter les carénages avant d'embarquer la triumph dans le camion du frère de madame pour gagner le circuit du pole mécanique d'Ales.
Les jours, les mois et les semaines passent et rapidement, je me retrouve au pied du mur ; et là, curieusement, les raisons de ne plus y aller ne manquent pas, à commencer par la trouille, les fois, la pétoche et les miquettes.
Le vendredi file comme un vent, et de retour at home j'entreprends le démontage des carénages latéraux de la brèle avec résignation, car je n'ai toujours pas de raison valable d'annuler et je n'ai aucune envie de faire part de mes angoisses à mon entourage, car premier détail rigolo, la charmante jeune fille avec qui je devais aller rouler ne peut plus venir, mais c'est pas grave, mon frère la remplace :s. malgré toute l'affection que j'ai pour lui, c'est un chouia moins glamour.
Je démonte donc mes carénages quand ma cher et tendre me porte le téléphone. C'est elle. Son frère a embarqué plus de matos que prévu. Y'a plus de place dans le camion...
Et là, j'ai bien les boules. Je tente dans un premier temps de trouver un plan B, sollicitant mes voisins et mon frangin. Mais à l'évidence, trouver une caisse avec un crochet d'attelage et une remorque moto un vendredi à 18h00 pour le lendemain 7h00, c'est tendu. J'ai envie de tout annuler... et de me cacher derrière ce fallacieux prétexte. Je décide de remonter les carénages et de réserver ma décision au lendemain matin.
6h30. réveil. pipi.
6h45. café.pipi.
7h00. j'y vais. C'est trop con. J'ai lâché 150 € pour la journée et la location de la combi, annulé des patients... je monte avec la triumph et je roule avec les carénages... pipi
C'est curieux ces envies de soulager ma vessie...
7h30, alors que je sors des toilettes, mon frangin arrive. On charge mon matos dans sa caisse et en route.
8h20 on est sur place. La station-service où je devais faire le plein n'existe plus... heureusement, j'ai 10L de super dans le coffre de la caisse.
C'est là que commence vraiment l'enchainement de signes positifs : alors que je pose mon casque sur le rétro, il parvient à m'échapper et tombe au sol d'un bon 80 cm, direct sur la visière.
Les autres n'étant pas encore arrivés, je me mets à faire le plein de la triumph... c'est rigolo le bidon est mouillé... oh putain.. Un bon litre de sp95 s'est répandu dans le coffre de la BM. Le plein fait je gagne l'accueil pour finaliser ma participation et voir comment ça se passe pour les combardes.
Les demoiselles du moto club sont pimpantes et super sympas. Pour les combardes, faut venir après le briefing avec un chèque de caution. Bordel de Zob©... j'ai pas pris mon chéquier... et le frangin non plus.
Résumons la situation :
la fille avec qui je devais rouler ne vient pas
on a pas pu mettre ma brele dans le camion
je vais devoir rouler avec les carénages
la station-service ou je devais faire le plein est fermée
j'ai fait tomber mon casque
le bidon de sp 95 s'est répandu dans le coffre
et je vais devoir me taper 100 km aller retour pour aller chercher mon chéquier
Sans parler superstition, si après tout ça tu te vautre sur la piste comme une merde molle, tu peux pas vraiment dire que ça sentait pas la fiante dès le départ... On pourrait même dire que tu cherches...
Et puis le soleil se lève.
Le chauffeur du camion enfin là nous sauve avec son chéquier. On a le droit à un briefing spécial débutant perso par une charmante jeune femme. Charmante et talentueuse.
Après 2 nouveaux passages aux toilettes, c'est enfin l'heure de prendre la piste.
Nous sommes 5, dans deux groupes différents. Manu et Mitch roule en intermédiaires, Fred Euhercisène et moi en débutant. Ainsi Fred peut récupérer la dorsale de Mitch et Euhercisène sa thundercat.
9h40. Je prends ma place en prégrille. Je flippe bien comme il
faut.Je réalise que je n'ai pas changé la pression de mes pneus. Mais Fred me rassure : Mitch a fait le tour des breles et s'en est occupé. Il est bien ce Mitch !!
9h45. C'est parti pour 15 minutes.
Sur les conseils de notre délicieuse instructeur je me mets dans l'idée de faire d'abord 2 tours en mode trainage de teub... oui, c'est possible... je peux rouler encore moins vite que pendant les BoD... mais c'est pas du spectacle pour les ames sensibles, je garde ça pour les initiés.
Finalement, les 2 tours se transforment en 5 et la session est finie. Je n'ai toujours pas compris la piste, je me suis fait doubler 800 fois. Mais je suis toujours sur mes roues, et assez curieusement je suis plutôt content.
10h45 seconde session.
Après deux tours tranquilles pour remettre les pneus en température, je me lâche un peu. Mais je ne parviens pas à trouver les bonnes trajectoires. Imperceptiblement je prends de plus en plus d'angle, et je commence à vraiment prendre du bon temps. Je roule à 2, mais j'ai la banane. Je ne fais encore que 5 tours, mais je commence à avoir quelques points de repère.
Retour au camion... YYYYYYYYEEEEEEEESSSSSSSS y'a des bouloches... Bon elles sont sur la bande de roulement... mais y'aaaaaaa desssss bouuuulooches.
par contre... j'ai fait une Prédic... J'ai perdu 2 vis sur la piste. Heureusement ce ne sont que deux vis de carénages. Manu me passe deux vis des carénages carbone de son rsv, équipé de carénage plastic pour la piste.
11h45 troisième session.
Mitch a fait un tout droit dans la session juste avant, mais la brele n'a rien. Je commence à prendre un peu plus confiance, et pour la première fois, je rentre sur la piste avec impatience et excitation... j'ai pas fait pipi depuis 2 heures. L'exercice me plait de plus en plus, et même si la horde qui me double et me redouble me remet à ma place, j'ai le sentiment d'hausser un peu le rythme. Fin de la session. J'ai fait un tour de plus. C'était top !!
Fin de la matinée. Déjà une belle émotion, et pas de bobo. Le soleil est au rendez-vous. Finalement, ça va être une belle journée.
Casse croute made in Euhercisène : clacos, rillettes, cantal, saucisson, radis, tomate cerise... et des litres de flotte. Ca débrief, ça chambre, ça mange.. le bonheur ! et je comprends enfin l'utilité des cones au bord de la piste
A l'heure de reprendre la piste, la chaleur aidant, on traine un peu les pieds.
Première session de l'après-midi. Dans les dernières minutes, Mitch prend les freins pour éviter un gonz qui lui coupe la traj dans une courbe, il se répand, glisse et un autre pilote se prend sa bréle. Résultat : carénage bien marqué et demi guidon plié... fin de la journée piste pour Euhercisène et Mitch, faute de monture. Mais pas de bobo.
Refroidi par la gamelle, Fred déjà peu pressé de reprendre la piste jette l'éponge. Fin de la journée pour lui aussi.
je file donc seul pour ma première session de l'aprem.
Je prends de plus en plus mon pied et parviens même à suivre un gonz pendant 2 tours.
Au paddock l'ambiance est mitigée. Manu ne sait pas trop si il va retourner rouler... finalement il va en refaire une... je roule dans la session d'après, j'en fais aussi une dernière... Il n'y aura pas de session 6 et 7, mais sans regret j'ai déjà bien pris mon pied, ne tentons pas le diable, j'ai besoin de la triumph pour aller au taf mardi !
5e et dernière session.
Vu de l'extérieur, ça pourrait ressembler à une grosse séance d'humiliation. Je me fais dépasser dans tous les sens... parfois inter et exter en même temps par des gonziers qui n'ont pas toujours l'air de savoir ce qu'ils font. Première frayeur sur un freinage : une attaque très limite, mais mon absence de rythme me permet de changer de traj et d'éviter le pire.
Les deux derniers tours sont un pur rêve. La jeune pilote du briefing me prend en remorque. 2 tours de cours particuliers et une belle démonstration de maitrise. Je prends un super pied, et me retiens de justesse... pour ne pas jouir dans la combarde d'emprunt. Voilà ce qui s'appelle une fin ! Ca enterre définitivement les vagues regrets qui auraient pu naitre en en restant là.
FIn de la journée piste, Euhercisène et Mitch me file un coup de pogne pour remettre la triumph en config route avant de regagner leurs pénates. Manu reste finalement pour faire les dernières sessions.
Je pars plein d'une sérénité inattendue. J'ai fait le plein de belles émotions. Ma façon de conduire en a même changé... Putain JT, ça y est, je penche

A tout ceux que hésitent : allez-y, y'a bien plus à prendre et à apprendre que ce que l'on pense ;
Maintenant, reste à trouver une brele de piste et une remorque parce que je n'ai plus qu'une idée en tête : y retourner avec une meule dont mon taf ne dépend pas....