Bon alors, après un We comme celui là, un CR s'impose.
On est donc inscrit, mon coéquipier Laurent et moi, aux 4 heures du CMC, une course d'endurance de 4 h à 2 pilotes, sur mon "petit" ZX 6 R 2007.
Laurent n'a jamais roulé en 600 ; habituellement, il roule sur son Gex 1000 K 7.
Ca va le changer, mais il est confiant, il ne doute pas d'améliorer ses chronos avec mon 600.
L'an passé, il a roulé en 1'07"8 ....
Vendredi, première séance d'essais libres, je fais la première histoire de me remettre en selle ( je n'ai plus mis mon cul sur la moto depuis Octobre 2012) et valider les réglages.
Tout va bien, la météo est correcte, la moto marche bien, 2 ou 3 bricoles à affiner en réglage et ça va le faire.
Laurent part à son tour pour découvrir la moto .... du bord de piste, les chronos ont l'air "moyen", et ça ne me surprend pas plus que ça, un 600, en dessous de 8000 trs, y'a rien !!! tout se fait sur la vitesse d'entrée et de passage en courbe, alors en descendant d'un 1000, il faut tout réapprendre.
Bref, on fait quelques roulages dans la journée, je commence à retrouver de bonnes sensations et Laurent commence à trouver le mode d'emploi.
Samedi, c'est le début de la "guerre" !!! les choses sérieuses commencent ; 2 séances qualif chacun, la moyenne des temps déterminant la place sur la grille.
Moi, les qualifs, c'est pas mon truc ; j'ai du mal à me lâcher à toc sur quelques tours, mais bon, je fait de mon mieux et je sors un 1'10" pas trop mauvais.
Laurent lui se régale au guidon du 600 mais n'arrive toujours pas à améliorer ; il est en une grosse 1'11".
L'après midi, j'améliore encore un peu et je vais chercher un 1'09" 673.
On sera 24 sur la grille, premier de la neuvième ligne à droite.
Il faut revenir sur le début de ce samedi quand notre ami Ripper rejoint la bande de mécanos qui va nous assister sur ce WE. Comme lui, les autres "mécanos" découvrent une course de l'intérieur et se plient avec beaucoup de gentillesse et d'application à tout ce qu'on leur demande faire.
Les pilotes jouent un peu leur "diva" sur les WE de course, il faut être aux petits soins pour eux, et tout le monde à superbement joué le jeu.
Sans eux, il ne peut pas y avoir de course. Sans leur abnégation leur dévouement et leur gentillesse, les pilotes n'existent pas, en plus leur bonne humeur a permis a tout le monde de découvrir tout ça dans une super ambiance.
Merci à eux, et touts nos excuses si parfois on est, par stress ou maladresse, un peu directif, blessant, chiant, casse couille et toutes ces sortes de choses ....
Dimanche matin !
Evidemment, l'angoisse, c'est la météo ; tout le monde consulte tous les sites météo, tous en contradiction les uns avec les autres. Pluie, pas pluie ?
Le temps est gris à 8h du matin mais il semble que ça veuille se lever ; les pneus pluie sont quand même montés sur jantes, on ne sait jamais.
La moto est prête, pneus neufs, plaquettes neuves, prête à faire son boulot.
Les pilotes aussi, même si j'ai encore une fois mal dormis dans la camionnette, mais bon, j'ai l'habitude, c'est chaque fois pareil.
On va voir le départ de la course du matin, la "Pro Classique" de 3 heures, une course réservée aux "anciennes".
Beaucoup de Gex 1100 et 750, mais aussi des ZXR, et même une BM R 60 je pense...
Tour de chauffe, mise en grille et .... le technique intervient sur la grille de départ pour mettre de l'absorbant sur une superbe tache d'huile !!!!
Merde, ils vont nous pourrir la piste !!
Départ sans soucis et ... mais ça envoi du steak les vieux brélons, ça roule fort pour des ancêtres (les motos comme les pilotes d'ailleurs)
Mais revenons à nos préoccupations, tout est prêt pour la répétition générale.
Tout d'abord, briefing ; rappel des consignes, définition des rôles de chacun et ..... qui va faire le départ ?
Laurent n'aime pas les départs, ça le fait stresser .............. et y'a de quoi, et moi je n'ai fait qu'une seule fois un départ en grille (Carole est trop petit pour faire un départ endurance type Le Mans) et comme je suis un peu Diesel, je crains de ne pas être performant dans les premiers tours.
Bref on est inscrit, mais personne ne veut y aller !!!!
La Team Manager décide donc que c'est celui qui a fait le meilleur temps aux qualifs qui décide.
Donc je décide, et je vais faire le départ !!!
4 heures de courses, des relais d'une heure, l'un fait le départ, donc l'autre fera l'arrivée, à chacun ses sensations comme ça ....
Il est temps maintenant de passer aux répétitions de la phase cruciale du ravitaillement.
On se met en situation de ravitaillement, aux ordres de la Team Manager afin de roder lé procédure.
Comme on est engagé sur une seule moto, il va falloir refaire le plein entre chaque relais, soit toutes les heures en perdant le moins de temps possible ; une course se gagne sur la piste mais peut se perdre dans les stands !.
Donc répétition générale, on voit le stress commencer à s'installer chez les mécanos qui prennent conscience de "l'enjeu" de leur mission.
Au bout de 6 ou 7 test, la procédure est rodée et tout semble en place pour que les ravitaillements se passent pour le mieux.
Chacun connait sa mission et la maîtrise parfaitement.
Mais l'heure tourne : 11 h 30, il va falloir manger sachant que le départ de la course sera donné à 14h30.
13h 15 , ouverture la voie des stands ; on emmène tout le bazar, la moto, les outils, l'essence etc
Ca en fait du merdier, n'est ce pas Jacques ? :67:
Tout est en place, l'ambiance est bonne, tout le monde est prêt, au top, il fait beau, pas trop chaud, les conditions idéales.
Alors la stratégie de course : on est 24 sur 36, devant ça a roulé en 1'05 en qualif, on n'a donc aucune prétention au podium, ni au scratch, ni au classement 600, par contre, il y a un autre classement qui nous intéresse et qui pourrait être à notre portée : le trophée Philppe Grosjean.
Les équipages qui comptent au moins un pilote de plus de 50 ans participent à ce classement et sur une douzaine d'équipages dans ce cas là, on est cinquième.
Donc si on marche bien, on va essayer d'aller grappiller des places pour entrer dans les 3 de cette course dans la course.
14 h, évacuation de la voie des stands pour contrôle de l'ensemble par les commissaires, 14 h 15, début de la procédure de mise en grille.
Cette procédure est la suivante : à l'ouverture la piste les pilotes s'élancent ( en bordel couvré) pour le tour de reconnaissance et viennent prendre place sur la grille de départ.
Une fois tout le monde en place, un départ pour 2 tours de chauffe est donné avec lancement ligne par ligne de façon à éviter la boucherie avant même le départ officiel de la course.
Comme je vous le disais, je ne suis pas le champion des départs pas plus que de l'efficacité optimum dès le premier tour .... mais .... j'ai mon arme secrète en la personne de mon ami Mika.
Mika, c'est un jeune qui va bien, que j'ai mis sur piste il y 5 ans et qui maintenant me donne des leçons magistrales, et lui, les départs, c'est son truc (entre autre !!!)
Avant le début de la procédure de départ, il m'attire à l'écart et me dis:
"Tu vas faire EXACTEMNT ce que je te dis!
La course commence dans le tour de reconnaissance, tu rodes tes pneus et tes plaquettes en mode course, tu commences déjà à chauffer tes pneus, tu doubles tu te montres, tu impressionnes.
Ensuite tu fais un VRAI départ et tu fais tes 2 tours de chauffe en mode course! les autres doivent se dire que tu es chaud patate et qu'il va falloir faire gaffe à toi !!!"
Il est gentil lui, mais .... bon .... OK je vais faire de mon mieux ...
" Et puis au moment du VRAI départ, tu prends bien le temps de coller l'embrayage avant de souder afin d'éviter que la moto ne se tapettes (ce qui implique de couper les gaz pour éviter de la prendre sur la gueule et donc de foirer son départ) tu tires la 1 limite rupteur tu pêtes la 2 en gardant une léchouille d'embrayage pour éviter qu'elle se lève et au rupteur tu mets la 3" ...... ce qui veut dire entrer dans le paquet des 23 mecs devant moi à plus de 200 !!!!!
"Quand tu arrives dans le paquet à Alpha (le 1er virage) tu regardes bien où est "le trou" et tu fonces dedans ... tu verras, ça passe !!!!"
Heuuuuu, il est vraiment atteint le garçon, mais bon, il fait à chaque fois et ça marche, alors .....
Alors, piste ouverte, je monte dessus, mon mécano débéquille, je met en route et c'est parti.
J'ai cette faculté à bien gérer mon stress, donc pas plus de pression que ça ; je sais ce que je dois faire, je vais le faire au mieux, les autres, je m'en bat les c*****
Je pars donc, évidemment pas de frein du tout (les plaquettes carbon ne freine qu'une fois chaudes) néanmoins, je chauffe mes pneus à coup de grosses accel et gros freins, ce qui m'amène à la fin du tour de reconnaissance avec mes pneus qui commencent à gripper et les freins à température.
Je fais comme Mika m'a dit, je suis déjà en mode course alors que la plupart des gars sont encore en mode balade.
Ils doivent me prendre pour un taré, je double, je freine, j'attaque jusqu'à la dernière seconde et je gagne ma place sur la grille .... merde, j'en ai tellement doublé que je suis tout seul dans ma zone.
Le reste de la troupe arrive petit à petit puis c'est le départ des 2 tours de chauffe, lancé ligne par ligne.
Arrive mon tour de me lancer, je garde un peu trop d'embrayage du coup la moto gueule mais ne s'arrache pas, je lache l'ambrayage et du coup, elle se lève ; juste ce qu'il ne faut pas faire, donc c'est bon j'ai compris pourquoi simuler un vrai départ à ce moment ; je ne vais pas reproduire l'erreur dans 2 minutes!!!
J'arrive à Alpha et direct je pose le genou .... heu, je vous assure que pour moi c'est un exploit de poser le genou dans un premier tour !!! et j'attaque, je double, je freine, j'attaque, les pneus sont chauds, je fais de "vrais freins" et au dernier freinage du second tour, alors que la majorité des pilotes sont en mode lopette, je freine comme en corse et je me fais une brochette de 8 ou 10 motos
Putains, j'suis chaud .... et c'est surement aussi ce qui se disent les mecs que je vient de doubler.
Grille, le drapeau rouge quitte la piste, les moteurs hurlent ( 10 000 trs pour moi !!!) et .... vert !!!
Je fais cirer un peu, la moto ne lève pas et accélère comme une balle, je vois les motos devant moi partit plus vite, mais, elles se lèvent, obligés de couper les gaz alors que moi, elle accélère encore et encore la roue avant qui lèche le sol, 2, encore un peut d'embrayage, 3 j'en ai déjà passé 4 qui étaient devant moi et là .... devant mon nez .... le paquet, debout sur les freins !!!!
Mais pourquoi ils freinent, c'est trop tôt !!! je vois le trou milieu de piste, je garde gaz en grand ( en 3 je suis surement à 200) et les motos s'écartent au fur et à mesure que j'arrive à leur hauteur
J'ai une banane !!!!! mais pas le temps d'en profiter, gros frein, mise sur l'angle, la traj', ben on fait avec et gaz, j'en reprend encore 2 ou 3 dans la cuvette, puis encore un ou 2 dans le pif .... trop bon, trop fort, j'entre dans para, inter, gaz, rupteur 3, 4 gaz .... génial, au passage de la ligne, je suis 16 ; 8 places de gagné, je suis content de mon coup !!! d'autant que je n'ai plus de 600 devant moi, je suis dans le peloton des 1000 et je ne me fais pas larguer, un coup d'oeil à l'Alfano, 1'11" dès le second tour, pour moi, c'est simplement extraordinaire ....
Je garde le rythme, je ne me fais pas distancer par leurs missiles de 180 chevaux, ce qu'ils me prennent en ligne droite, je leur reprend dans les courbes, je suis sur une autre planète, je n'avais jamais ressenti ces sensations.
Pas de stresse, pas d'essoufflement, je ne suis pas au dessus de mes pompes et ça marche, je tiens le rythme, je décide où je mets la moto, quand je veux, comme je veux, c'est génial.
Je continue à doubler, c'est de plus en plus chaud, forcément, ce qui est devant moi est censé être plus rapide, mais c'est pas grâve, inter, exter, ça passe, accel, frein, je me régale.
Freinage à alpha, je suis déjà pas loin du freinage maxi, j'aperçois du coin de l'oeil un R1 qui tente de me faire les freins milieu de piste, forcément, il va être obligé d'élargir, j'allonge léger ma traj pour bien m'ouvrir le petit bout de ligne droite qui suit, car pendant qu'il va devoir casser sa vitesse pour tourner, je le repasse inter, je soude angle maxi, me laisse déporter exter pour le tasser un peu et éviter qu'il ne fasse parler son troupeau de canassons avant le gauche qui suit et je suis de nouveau devant.
Je m'attend à ce qu'il tente autre chose dès le virage suivant, mais je freine tard, j'entre fort, je ferme les portes ... à 'entrée de para je ne l'entend plus, je mets tout, 3, 4, 5 je me dis qu'il va me refaire les freins à golf, mais non, toujours pas de bruit de moteur, je passe golf, gaz en grand et alors que je suis au milieu de la zone de freinage sur la traj à l'exter, j'aperçoi du coin de l'oeil mon R1 qui est debout sur les freins et qui me tasse au passage à l'aide d'un bon coup d'épaule, c'est chaud, je ne lâche rien, il va devoir élargir son entrée dans hotel, je replonge inter tout de suite et .... on ressort côte à côte, mais ..... la puissance du 1000 fais la différence dans la ligne droite ....
Il a pas aimé se faire bouffer par un petit vieux sur un 600 et il m'a rendu la monnaie de ma pièce ; viril, mais correct ....
A ce moment de la course, on est .................. 8ième sur 36 en étant parti de la 24ième palce et premier du trophée Philippe Grosjean ; on est donc virtuellement sur la première marche de "notre" podium :29:
Je suis sur mon petit nuage ..... je roule en 1'10" régul avec plusieurs jolis 1'09" à l'alfano ... dont un 1'09'01
Tout se passe bien, les positions commencent à se figer, je ne double plus, sauf les "attardés" à qui on prend déjà un tour.
Je pense être encore dans le même tour que la tête de course (à vérifier), ça fait moins d'une demi heure que je roule et la routine commence à s'installer (c'est court Carole et on en a vite fait le tour, alors si on ne se bagarre pas, on a vite fait de tomber dans un faux rythme, de lever le pied et ....de faire des conneries par déconcentration)
Mais pour moi, tout va bien je ne reste jamais seul très longtemps, j'ai branché l'alfano sur 1'10", je ne fatigue pas, et le balais des dépassement des "attardés" a commencé.
Justement, sortie de para (j'ai regardé, au moment ou le genoux quitte le sol, le compteur affiche 210 km/h) j'aperçoi devant moi, assez loin, un vieux RSV 1000 que j'ai déjà doublé.
Comme tous les 1000, en accel pure, je n'ai aucune chance, donc à prendre au frein, à golf en l'occurrence, et comme je n'ai pas l'intention de perdre le contact avec le groupe des "rapides" qui est devant moi, je met tout, je garde tout longtemps, je retarde bien ma prise de frein, mais la vache, je pars de loin quand même, pas grâve, je suis en confiance, le RSV 1000 tourne vraiment moins vite que moi, ça va le faire, je reste milieu de piste pour ne pas le géner et je suis à sa hauteur au moment de déclencher. Bon ça arrive vite quand même, gros frein loin sur l'angle, angle maxi, point de corde et oups, l'avant qui se barre et la moto qui part toute seule au bac !
30 grammes de frein de trop ! ça passit c'était beau quoi !!!
Je glisse sur le côté, puis je me mets à rouler bouler jusqu'au bac. Le temps de me relever, les commissaires sont là à me demander si ça va ! Bien sûr que ça va, vite la moto et je repars (qu'est ce qu'on peut être con dans ces situations là vis à vis de ces braves commissaires qui ne sont là que pour t'aider et qui se font limite engueuler parce que ça ne va pas assez vite et qu'ils s'enquièrent de ton état de santé !!!)
On relève la moto, je monte dessus, je vois que le levier de frein n'est pas cassé, que la poignée de gaz fonctionne, contact démarreur et gaz, je sors du bac, reprend la piste dans un concert de claquement des graviers contre le poly, seconde, troisième, frein, tout est OK.
