Ils le voyait rentrer. Rien qu'à son regard, ils avaient tout compris.
C'était réglé comme du papier à zic. La gamine lui disait bonjour le soir, et allait directement s'enfermer dans sa chambre.
Elle faisait ses devoirs... dessinait beaucoup... des oiseaux aussi. des grandes feuilles placardées aux murs de sa chambre avec des oiseaux. en écoutant de la musique assez fort pour ne pas entendre les cris. Souvent elle écrivait des kilomètres de mots sur un cahier qu'elle planquait. un cahier où elle s'imaginait un ailleurs, où elle pouvait aussi y déverser toute la rancoeur d'une gosse envers un père si "absent". dans ses colères... muettes... elle jetait même qu'elle vivrait mieux SANS lui, ça ne ferait aucune différence.
Pourquoi ? elle ne savait pas ce qu'était une simple ballade avec "papa". il ne lui avait jamais parlé des arbres... ni des oiseaux...
une simple discussion... savait pas... savait pas.
Noël. Des fois, ça s'finissait en pleurs autour de la table de "fêtes".
La môme voyait souvent le chagrin dans les yeux de sa mère...
Elle était très proche de la maman. Lorsqu'elles étaient loin l'une de l'autre durant les grandes vacances, sa mère lui écrivait des mots. la gosse fermait les yeux en sentant son parfum lorsqu'elle ouvrait les lettres. conservées comme des p'tits trésors... chaque soir, elle rêvait de se faire la belle pour la retrouver. l'avait une peur bleue de l'abandon...
Elle enviait la copine qui parlait de son père comme d'un super héros.
Sa copine, son père jouait avec elle.
Lui, partageait des moments avec elle.
Lui, connaissait les noms des arbres et des oiseaux.
Lui, l'aidait à faire ses devoirs. il lui racontait des histoires le soir.
Lui ne criait pas. il la conseillait, avait des belles conversations avec elle.
Lui, il riait avec elle.
Ensemble, ils étaient complices. EUX...
Il a fallu des années à la gosse... des années... pas mal d'années... pour comprendre bien des choses. pour prendre conscience d'un mal être...
qu'il l'était forcément. mal-heureux...
on n'voit pas les choses de la même manière avec ses yeux d'enfant...
aussi que l'on ne peut pas revenir en arrière. Elle a compris que malgré ces années passées difficiles, il l'aimait. il les aimait ses enfants.
Curieux. Elle sentait le besoin de le protéger. ce père.
Personne ne peut juger son parcours. Personne.
no comment.
il a chialé comme un môme une fois au téléphone... à cette époque, elle était alors à 18000 kms de lui. il a pris conscience du mal qu'il a fait tout autour, du mal qu'il s'est fait. et d'une enfance un peu bousillée.
Je hais ce fléau qu'est l'alcool et j'ai les boules de noël au moment des fêtes.
Mais... j'pense à un truc. Je ne lui ai jamais dit vraiment.
Ecoute-moi.
j'ai envie de le dire fort. envie de l'écrire en GRAND.
Tu sais... on va se battre avec toi.
J' T'AIME PAPA.
Heu... j'veux pas vous saborder le moral surtout en cette veille de WE, ça m'fait du bien de balancer les mots comme ça. j'arrive mieux à les poser... les lancer comme une bouteille à la mer, vers des anonymes, sans enquiquiner quelqu'un en particulier avec des états d'âme.
amicalement,
Noanoa