Randy de Puniet aura ce week-end sa toute première opportunité de courir sur la GSX-RR, le nouveau prototype préparé par Suzuki pour le retour de la marque japonaise en MotoGP™ en 2015. Le Français avait été engagé par le constructeur de Hamamatsu en tant que pilote d'essais dès 2013, lorsqu'il courait chez Power Electronics Aspar, et a continué sa mission cette année après avoir quitté le paddock des Grands Prix à la fin de l'année dernière.
Après une année passée loin des courses, De Puniet est impatient de reprendre la compétition et le fera ce week-end à Valence, avant de rejoindre Crescent Suzuki dans le Championnat du Monde Superbike pour une nouvelle étape de sa carrière.
Tu vas participer en wildcard à la dernière manche du Championnat du Monde MotoGP™, à Valence, avec Suzuki, sur une moto que tu avais commencé à développer en 2013. Quel bilan dresses-tu du travail de développement que tu as fait avec Suzuki cette année ?
« C'est un travail qui a commencé l'année dernière en même temps que ma saison en CRT. L'an dernier, la moto était toute nouvelle. On avait bien bossé, ça avait été une année très positive. Cette année on a continué le développement mais une chose a changé puisqu'on a utilisé le software Magneti Marelli, ce qui signifiait pour nous quasiment repartir à zéro puisque qu'on n'avait pas de données, rien du tout. On a beaucoup travaillé, essentiellement sur cet aspect-là et je dirais qu'aujourd'hui on est encore en période de développement et d'apprentissage. »
« On a pas vraiment été aidés par les conditions météo cette saison pour pouvoir exploiter au maximum tous les tests qu'on a eus. Malgré tout, je pense qu'on a fait du bon travail et à Valence on va voir un peu où on va se situer. Maintenant il ne faut pas non plus espérer des miracles. On arrive sur une fin de saison, tout le monde est au top, toutes les motos sont développées au maximum. Je prends donc plus cette wildcard comme un cadeau, je vais aller là-bas pour me faire plaisir et puis ensuite une page va se tourner pour moi. »
Tu as fait tes derniers tests au Mugello, où tu as subi une grosse chute, puis au MotorLand Aragón. Comment se sont passés tes essais ?
« Ça a été. Je suis vraiment tombé très fort sur la tête au Mugello et je dirais qu'aujourd'hui que j'ai récupéré à 100%, si ce n'est que je suis toujours un peu fatigué. Bon après, selon les médecins, pour une chute comme ça, il faut vraiment trois mois pour s'en remettre. Maintenant je pense que ça ne me posera pas de soucis durant le week-end de course. A ce niveau-là je serai à 100%. J'espère qu'on va pouvoir encore améliorer la moto pendant les essais. En roulant avec d'autres pilotes ça va aussi changer un peu la donne. J'espère faire la meilleure place possible sur la grille et une course solide. On n'a pas d'objectif précis, il faut simplement que chacun donne son maximum pour qu'on ait rien à regretter dimanche soir. »
Après avoir participé à quelques tests en compagnie des autres teams MotoGP™, tu vas les retrouver pour la première fois en situation du course. Un an après ton dernier Grand Prix, tu dois être impatient de reprendre la compétition...
« Oui, c'est sûr que je suis impatient. La course me manque. Je suis excité, impatient mais il faut pas non plus aller faire n'importe quoi. Je sais qu'il est difficile de prendre le rythme sur une fin de saison. J'y vais sans pression. Quoi qu'il se passe, ça ne changera pas mon avenir. Pour moi c'est une course bonus. »
Tu fais ton retour à Valence, où tu avais été en pole et où tu avais gagné quand tu courais en 250cc. Est-ce que c'est un bon circuit pour toi et penses-tu que ce soit une piste qui convienne bien à la GSX-RR ?
« J'aime bien ce circuit, c'est un circuit assez technique, pas très, très grand. Normalement j'aime plutôt les circuits rapides mais là-bas je me sens plutôt à l'aise. En plus il a été resurfacé donc il est en meilleures conditions que ce qu'on a pu connaître. Je ne sais pas si c'est un bon circuit pour la Suzuki mais en tout cas c'est un circuit que j'apprécie et c'est un point positif. »
L'an prochain tu rejoins Crescent Suzuki dans le Championnat du Monde Superbike. Comment abordes-tu ce nouveau challenge ?
« Je suis content. Pour moi c'est une page qui se tourne. Je pense que c'est le bon moment pour switcher. Je vais être dans un team très compétitif, le Superbike est un championnat compétitif et je vais pouvoir me battre aux avant-postes. J'aurai beaucoup de choses à apprendre, notamment les pneus mais aussi gérer cette moto. Je pense qu'on a un bon planning de tests cet hiver pour que je sois prêt pour la première course. J'y vais pour être performant, pas juste pour dire que je recours, ce qui ne m'intéresse pas. Cette année de tests m'a vraiment fait réfléchir sur ce dont j'avais envie, c'était recourir. Ça n'a pas pu se faire en MotoGP mais j'ai une opportunité de rebondir avec le Superbike, tout en gardant un pied dans les tests avec Suzuki en MotoGP. La priorité restera le Superbike mais on ne sait jamais de quoi l'avenir sera fait. Peut-être qu'un jour je retournerai en Grand Prix, même si aujourd'hui l'objectif pour l'année prochaine est le Championnat Superbike. »
Parallèlement à ta saison, tu vas donc continuer à travailler sur le prototype de Suzuki, avec la mission de préparer le passage sur les pneus Michelin pour 2016, l'un des prochains grands changements pour le MotoGP. Est-ce que ça rendra ton rôle de pilote d'essais encore plus important ?
« Mon rôle était déjà important cette année puisque je développais une moto qui partait de zéro. L'année prochaine ce sera différent, j'aurai une moto qui sera au point puisque les pilotes titulaires rouleront avec. J'aurai juste à donner mon feeling à propos des pneus. Ce sera un travail différent mais intéressant et puis pour moi, plus de temps je passe sur une moto, mieux c'est. Puis en plus, passer du temps sur une MotoGP, tout le monde en rêverait. Pour moi c'est parfait, ça me permet de toujours garder un pied dans le MotoGP et puis comme je disais, on ne sait pas de quoi l'avenir sera fait. Je vais avoir 34 ans, je ne suis pas non plus un vieillard et si un jour il y a une opportunité pour revenir, pourquoi pas. S'il vaut mieux continuer en Superbike parce que je gagne ou que je suis devant, j'y resterai, mais pour l'instant je prends chaque chose en son temps. »
A cet âge on peut effectivement encore être jeune, comme un certain Valentino Rossi...
« Oui, ce qu'il fait cette année, c'est vraiment grand. Je crois qu'on avait jamais vu un championnat comme celui de cette année, avec les quatre qui sont devant, avec un tel niveau de performance. Après deux années Ducati compliquées, une année avec Yamaha qui n'a pas été simple, il est revenu et aujourd'hui à part Márquez, c'est lui, c'est Rossi. On connaît le niveau de Márquez, il est jeune. Dans sa tête il n'a pas les mêmes soucis que Valentino qui a aujourd'hui 35 ans. Faire ce que fait Rossi aujourd'hui, respect. Il n'y a aucun autre sport où quelqu'un ait réussi à faire quelque chose de semblable. »
Que penses-tu du choix de Suzuki, qui a pris comme pilotes Aleix Espargaró, un pilote que tu connais bien puisqu'il s'agit de ton ancien coéquipier, et Maverick Viñales ?
« Mon ressenti, c'est que j'aurais aimé faire partie de l'équipe. Maintenant, ils ont voulu miser sur un jeune pilote du Moto2 et vue la saison que fait Viñales, je pense que c'est le bon choix. Il n'y a rien à dire. Ensuite, Aleix est en explosion depuis cette année. L'année dernière il avait déjà fait une belle saison en CRT. C'est le pilote qui est sur une phase ascendante. S'ils avaient pris quelqu'un d'autre d'un niveau inférieur au mien ou équivalent et s'il n'y avait pas eu un choix logique, j'aurais été déçu. Mais ils ne m'avaient jamais rien promis. Ils pensent que cette équipe-là sera pour 2015-2016 la meilleure qu'ils puissent avoir et je respecte leur choix. Moi ce que je voulais c'est que ça soit clair entre nous. Ça a toujours été clair. Comme je dis, je suis toujours dans la famille Suzuki, on ne sait pas de quoi l'avenir sera fait et j'espère que tout le travail que j'ai fait pendant deux ans leur servira pour l'année prochaine et les années à venir. »
Tom Sykes et Sylvain Guintoli, deux de tes futurs adversaires, sont opposés ce week-end pour le titre de Champion du Monde Superbike. Tu vas suivre ça de près... (Interview réalisée avant la dernière manche du Championnat du Monde Superbike. Guintoli a remporté le titre en s'imposant dans les deux courses de dimanche dernier à Losail)
« Bien sûr, je vais regarder ça. J'espère que Sylvain va gagner. Ce serait bien qu'un Français ramène un titre. Douze points, tout est possible. On va le soutenir maintenant puisque je ne vais pas le soutenir l'année prochaine, ça c'est sûr ! (rires) Ce sera mon adversaire mais c'est bien parce que Sylvain est un ami et ce serait bien qu'on puisse se battre pour la victoire tous les deux l'année prochaine. »