Etant donné que, pour ce qui est de la honte, j'ai déjà mangé grave dans ce fichu rade, je me suis dit que je pouvais peut-être faire part de mon expérience aux petits jeunes afin qu'ils s'évitent de se voir affublés de la pancarte « baltringue »

à chaque fois qu'ils poussent les portes du saloon.
Aussi, me permettrez-vous de vous narrer ma dernière grande aventure motocycliste.

Tout commença il y aura bientôt un an, chez mon petit protégé (dont je préfère taire le nom : c'est un petit jeune qui se prend pour un pilote avec sa katoche, et auquel j'essaie d'inculquer quelques bases

; le garçon est prometteur, mais obstiné !

). Hm et moi, donc, suite à un périple en terre armoricaine

déchargeons de concert nos engins
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du camion de Manolo et Manitas, camion qui nous avait permis de ménager le précieux fondement

de mon derviche tourneur sur sol humide préféré

. Une fois le job terminé, nous entamons une copieuse séance de léchage de nos trognes larmoyantes de devoir nous quitter

, quand mon petit éphèbe me lance : « on dirait que t'as comme des pertes, papy ; j'crois bien que t'es plus étanche !! »
Lisant l'incompréhension sur mon visage, il m'invite à examiner mon moulbi
tef. Effectivement, mon brèlon transpire des aisselles et laisse suinter du liquide de refroidissement par une des durites métalliques

. Pas de quoi inquiéter un vieux roublard

comme moi ; ça tiendra bien 30 bornes. Et effectivement, ça tien !

Les aléas de ma vie privée et professionnelle ne m'avaient pas, jusqu'à il y a une dizaine de jours, laisser le temps de m'atteler vraiment au problème, et mon bolide était resté parquer gentiment près du taf

depuis tout ce temps. Mais voilà, le printemps est venu souffler sur mes gonades et l'envie de me trainer le zgueg sur mamie vint m'étreindre sans prévenir (les bizuths comprendront bientôt le sens véritable de cette phrase...

). Ainsi donc, profitant de terminer ma journée de labeur

avant que le soleil ne finisse la sienne, je me rendais, casque sous le bras, auprès de la belle endormie.
Contact, tout s'allume... Je caresse timidement

le bouton... ça mouline, ça mouline, mais c'est aussi efficace que ma grand-mère sur un vélo elliptique. Deux, trois puis quatre tentatives... Ma grand-mère s'essouffle. Je jette l'éponge : la batterie doit être trop faible.

Suite à ce fiasco, je change mes plans : je vais démarrer le Big avec des câbles, rentrer avec à Sète et repartir (si elle démarre) pour Lunel le lendemain à l'aube pour la déposer chez mon mécano favori, à l'ouverture.

Mercredi matin, donc, je viens garer fébrilement mon déplaçoir à nains au plus près du garage de ma belle en prévision de mon essai du soir.

Il est 19h00. Je me rends sur les lieux après avoir fermé le cabinet. Je démonte la selle et dégage la batterie. J'ouvre le capot de la caisse, sors les pinces. Elles sont grosses mes pinces. Trop grosse pour réussir à atteindre la batterie du Big...

Après 20 minutes de galère à les tourner dans tous les sens, je prends une décision que seul un mécano expérimenté

pouvait prendre (

les enfants ne faites pas ça à la maison

) : je vais bricoler une rallonge à mes pinces

. J'ai fort heureusement deux morceaux de fil de cuivre sous la selle.
Je branche le tout. La caisse est en route. J'appuie avec angoisse sur le bouton du ... klaxon

dans un premier temps, puis du démarreur. Ce dernier mouline poussivement et semble à l'agonie, tel un bizuth remontant de la cave

. Je vérifie mes branchements. Deuxième essai. C'est plus la même limonade : Mamie est sous exta

!! Gaz, pas gaz, starter, pas starter, ça pédale vite, mais dans la semoule. Abattu

, je me dis que le mal est plus grave que prévu et qu'il va falloir que je me bricole une remorque

. Je me risque à une dernière tentative avant de débrancher la malade. Idem, ca pédale fort mais pour rien, si fort qu'une des pinces se décroche et choit telle une merde molle au pied du bouzin. Résigné, je me baisse pour ramasser le bout de câble. En me relevant, mon regard est accroché par une sorte de bouton rond

, sur le flanc de la bête, et par sa position horizontale.
Un long « noooooooooooooonnnnnnn » aux accents de lassitude s'échappe de mes lèvres.
Ce détail réglé (et donc le moteur alimenté en bibine

), le câble rebranché, l'ultime tentative sera la bonne. La bête vrombit et cliquette, je suis aux anges malgré la vague impression d'être une grosse dinde.

Je quitte Lunel et m'offre pour le coup un trainage de teub en règle en passant par La grande motte, Palavas, Frontignan et Sète.

Elle est pas belle la vie ??

Epilogue.
Une fois les bottes enlevées, j'envoie un SMS à mon frangin, au courant de la tentative du soir, pour lui dire que : « le Big est à Sète. J'en ai chié, mais c'est parce que je suis un gros con »
Réponse du mécréant : « je le savais déjà... pour le côté gros con »