Chronique du repaire des motards

Démarré par US Prédicateur, Ven 13/08/2004 à 14:18

US Prédicateur

A découvrir sur le site du Repaire des motards (les dessins (seins) en plus


KroniK de juillet
SDS mon Amour


C'est plein de subtilités, la langue française. Tiens, prends Sac de Sable. On pourrait croire que c'est masculin. Un Sac de Sable. Eh bien pas du tout. Sac de Sable, c'est féminin. Puisque le masculin de « Sac de Sable », c'est « un Pote ».

Le titre de SDS se mérite. Loi d'être passif, le SDS a un rôle important à jouer lors des différentes phases de pilotage. Nous avons comparé dans ce petit tableau les attitudes de 2 SDS, l'un expérimenté, et l'autre qui met en danger la réputation de son pilote.

Phase de pilotage
Bon SDS
Mauvais SDS
Conséquence

A l'arrêt au feu rouge
Reste parfaitement immobile
Ouvre d'un grand geste sa visière sous un prétexte bidon (genre : buée)
Le pilote est déséquilibré

A l'arrêt au feu rouge
Reste toujours parfaitement immobile
Papote avec les autres SDS (genre : oukonva ?)
Le pilote est déconcentré

A l'arrêt au feu rouge
N'a pas bougé d'un poil par rapport à tout à l'heure
Jacasse avec les autres SDS (genre : où tu l'as eu, ton blouson ?)
Le pilote est agacé

Le feu passe au vert
Jambe serrées, il fait corps avec la machine
Prise au dépourvu, elle manque d'être désarçonnée
Le pilote doit couper les gaz, laissant partir les autres

L'autre feu est passé au  rouge
Bras tendus, il s'arque-boute sur le réservoir pour ne pas s'affaler sur le pilote
Encore déséquilibrée, elle vient s'écraser sur le pilote, et lui cogne violemment le casque
Le pilote est très agacé

A l'arrêt au feu rouge
Reste parfaitement immobile
Commence à râler après le pilote, et continue de se chamailler avec les autres SDS
Le pilote commence à en avoir plein le dos

Le feu passe au vert
Jambes serrées à nouveau, il recule à peine sur la selle
A nouveau prise au dépourvue, elle déséquilibre l'ensemble de la moto
Le pilote se fait une grosse frayeur en manquant de se manger une voiture

1er virage
Léger déhanché, jambe intérieure décalée pour laisser de la place au pilote pour poser le genou
Visière ouverte, aveuglée par le vent, le SDS est incapable d'anticiper la courbe
Le pilote, incapable de trajecter correctement, ne peut pas poser le genou : honte à lui

A la remise des gaz
Rentre le genou, se replace doucement sur la selle, et baisse la tête pour améliorer le Cx.
N'a toujours pas fermé sa visière car n'ose pas lâcher les mains
Le pilote perd du terrain

En bout de ligne droite
Guette le moment du freinage pour se redresser, et ainsi offrir plus de prise au vent pour décélérer plus vite
A fini par lâcher un main, non pas pour fermer sa visière, mais pour cogner frénétiquement sur le casque du pilote
Très très agacé, le pilote pèse le pour et le  contre

Nouveau freinage, et virage sec à gauche
Sait, du fait de la faible vitesse, que l'on approche une épingle et se prépare à déhancher un peu plus que la dernière fois pour accompagner le mouvement
Ayant lâché une main, le SDS est incapable de se tenir au freinage et vient une fois de plus s'écraser contre le pilote
Le pilote éprouve une vive douleur au bas ventre, et du coup achève de prendre sa décision

Remise des gaz et longue ligne droite
Pelotonné derrière le pilote, la tête baissée, il se recule le plus possible pour améliorer le Cx
Trompé par le ralentissement, le mauvais SDS tente de fermer sa visière, mais doit s'y prendre à deux mains
Le pilote met gaz grand

Ligne droite
Malgré le vent qui hurle, le SDS reste bien à sa place, attendant le prochain changement de rythme pour aider le pilote à grappiller quelques centièmes
Le SDS sent comme un bref moment de flottement, avant d'avoir très mal au postérieur
Le pilote se dit : « une de perdue, 10 de retrouvées ».


N'est pas SDS qui veut. En plus des capacités d'accompagnement déjà listées ci-dessus, un bon SDS se doit d'avoir une morphologie particulière. Surtout depuis l'apparition des selles à étages, un bon SDS se doit de ne pas dépasser 1,60m. Il doit avoir le bassin plutôt étroit, pour ne pas augmenter la traînée. Les bras sont assez longs par rapport à la moyenne, de manière à prendre appui sur le réservoir de la moto tout en permettant au pilote un certaine liberté de mouvement. Les jambes arquées pour pouvoir enserrer au mieux la coque arrière, sa pointure ne doit pas dépasser le 36, à nouveau pour ne pas gêner le pilote au niveau des pieds. Enfin, exit les fesses rondouillardes : des fesses plates ont un meilleur aérodynamisme.

Mouais, évidemment, en débarquant au troquet avec un SDS pareil, tu risques pas d'impressionner tes potes avec tes talents de dragueur. Mais kesstu veux ? Tous les gratter en bout de ligne droite, ou sortir avec une Pamela Anderson Replica qui te fait perdre 15 km/h à fond de six ? Faut être honnête : prendre la pôle nécessite quelques sacrifices, et trouver un SDS morphologiquement compatible avec tes ambitions au championnat du monde implique de faire l'impasse sur les pages centrales de New Look. Le beurre ou l'argent de la crémière, faut choisir.

Ya tout de même un truc qui rapproche SDS et pilote : la mauvaise foi. Ils ont raisons, les juges, de ne pas considérer comme valable le témoignage d'un passager, surtout s'il existe des liens affectifs entre eux. Déformation musculaire et articulaire aidant, on entend bien des SDS clamer haut et fort que le strapontin d'une GSX-R ou d'un V-Rod est « confortable » (cf. Dépêche d'agence). De deux choses l'une : ou le SDS sait pertinemment que s'il l'ouvre avant d'être rentré au bercail il va finir à pinces, ou alors on est face à un flag' de subornation de témoin. Le pilote, lui y trouve son compte : s'il se fait proprement larguer, il pourra toujours mettre la responsabilité sur le dos de son SDS, évitant ainsi de prendre du malus « lopette ». Un SDS peut aussi servir à régler l'addition.

Faut tout de même avouer que le degré d'inconscience de certains SDS frise la correctionnelle. Et j'en vois défiler, des donzelles en jupe et t-shirt, sans gants, assises de travioles sur des scoobites conduits par des ex-automobilistes qu'ont zappé le fait qu'ils n'avaient plus autour d'eux 800 kilos de ferraille pour protéger leur costard en pure laine peignée de leurs erreurs d'appréciation. Une fois au tas, ya fort peu de chances qu'on te revoie en bikini sur une plage, cocotte. Même à supposer qu'on arrive à te retirer de la couenne tout les gravillons qu'auront décidé de se reconvertir en râpe à cellulite. Pour un mec, encore, c'est pas trop gênant : 2-3 steaks sur les guibolles ou les bras, ça fait tout de suite plus mâle (après avoir fait très mal). Mais pour une nana, c'est une autre affaire. Sur le marché ultra-concurrentiel de la chasse au « mec bien », afficher 25 cm2 de fesse « Niki Lauda Replica », c'est pas vraiment sioux comme stratégie. Tu fais ce que tu veux de tes guibolles, frangine, mais après une pelle va falloir sérieusement revoir le contenu de ta garde-robe.

M'enfin c'est bien beau de cogner sur les SDS. Le conducteur a une putain de part de responsabilité dans ce qui se passe. Sauf en cas de connerie de la part du SDS, genre je me penche dans l'autre sens dans le virage, c'est un peu complètement ta faute s'il finit le hulk sur le bitume. T'auras beau dire la voiture, le gasoil, la traînée de sable, ça changera pas grand chose. C'est entre autre pour ça que je déteste trimballer du monde. Me vautrer tout seul, passe encore. Vautrer quelqu'un d'autre, c'est un poil plus gênant. Limite ça tournerait au cas de conscience.

Tiens, ça me rappelle cette « « « balade » » » (oui, oui, ya bien trois rangées de guillemets) sur la selle d'un vieux Gex (heureusement presque confortable). Vue la réputation du conducteur, j'avais pris mon courage à deux mains pour lui expliquer que les wheels, c'était pas trop mon truc. Il a tenu bon... 50 bornes. Manque de bol, on en a fait 150 ce jour-là. Moi qui commence à tiquer quand je passe le 70 en ville, j'étais relativement furax de voir l'aiguille du compteur de vitesse quelque part entre 120 et 130 entre deux feux rouges en pleine agglomération. Surtout sur la roue arrière. Content de lui, le pépère. OK, il maîtrisait. OK, il fait ça depuis 20 ans. Mais le môme qui va traverser en courant à la poursuite de son ballon le sait pas, lui, que tu maîtrises comme une bête. Sûr qu'il aura l'air moins photogénique avec ta ligne d'échappement encastrée dans le crâne.

Pour en rajouter une couche sur ma pico-expérience personnelle : tu sais quel est le plus beau compliment qu'un de mes (rares) SDS m'ait jamais fait en descendant de ma bécane ? « C'était super, j'ai même pas eu peur ». Soit l'exact opposé de ce qu'elle pensait quand elle descendait de la moto de son Jules du moment, un type qui aurait occupé une place de choix si je m'étais lancé dans un classement perso des quelques rares kékés qui ont pu croiser ma trajectoire.

Donc quitte à se vautrer, autant y être pour quelque chose, et pas mal de SDS finissent par franchir le pas et entrer dans la cour des « grands ». Par un mécanisme psychologique encore difficile à cerner, dès qu'il est passé dans la catégorie des « pilotes » un ex-SDS oublie en 15 jours tout ce qu'il a appris sur une selle arrière et enquille comme un trépané à la moindre occasion. Est-ce le triste destin des pilotes de jouer le rôle de sur-activateur de glandes sudoripares de leurs passagers ?

Heureusement, la résistance s'organise, et les associations de SDS commencent à monter au créneau, comme l'illustre cette dépêche d'agence.

Blague à part, à voir la manière dont sont gaulées certaines machines, ça relève de l'hypocrisie de les faire homologuer biplace. A moins qu'il s'agisse d'un prétexte pour vendre des dosserets de selle en option ? Si la production continue de se radicaliser, je me demande bien à quoi ressemblera la selle passager d'un GSX-R 1000 dans 10 ans. A une feuille de papier de verre grain 40 collée directement sur la coque ? Parce qu'il y a toujours moyen de faire pire, les constructeurs nous le prouvent année après année.

Boarf... après tout... moi ça m'arrange, la gueule des planches à découper à l'arrière des sportives. Ça rend ma moto nettement plus avenante. Ah, c'est sûr, j'ai pas le prestige de la sportive, Mademoiselle, mais ma moto est nettement plus confortable. Tâtez un
peu le moelleux de ma selle comparée à celle-là. Et puis au moins, vous avez de quoi vous tenir. C'est tout doux, tout tranquille, comme moto. Et chuis pas un dingue : je fais jamais d'accélération brusques. Ouais, ouais, pas de problème, je peux vous emmener. Même si on doit faire 20 kilomètres, vous finirez pas avec le dos ruiné comme sur celle-là, et donc, quand je vous raccompagnerai chez vous...

Hein ? t'étais là, toi ? A qui je parle ? Mais à personne. Quoi ? T'as tout entendu ? Mais non, ch't'explique, on blaguait entre potes, là.

Aïeuh !

Mais si, ch'te jure ma puce. Mhééé non, je sais pas qui c'est, cette greluche. Mais Siii ! Ch'te jure. Quoi ? Mais non, t'as dû mal entendre, j'étais pas parti pour la ramener chez elle, elle aurait fait le trajet avec quelqu'un d'autre. Mais pourquoi tu t'énerves, comme ça ? Mais non, mon lapin, ch'te jure. Mais oui, ya que toi qu'a le droit de monter derrière moi. Ou alors... mais c'était juste pour dépanner, tu comprends ? Eh ! Mais où tu vas bibiche ? Et meeeerdeee...

Bon, les mecs, faut que je file, là. Ya urgence.

Bibiiiiiche !

Koud'pied o'Kick, - le 1er juillet 2004
Ride wild to be alive