Une brise chaude et humide caressait la croupe de la big, merveille d'esthétisme, noire aux reflets argentés, attachée à quelques mètres de la porte du rad. Quelques feuilles de journal, poussées par le vent descendaient la rue principale. Au loin un bruit de rauque et métallique lassait présager de l'arrivée des emmerdes. A cheval sur sa machine, Ange Burnoni, dit le limeur, dit BigBurn envoyait la purée comme les petites cuillers sur le mur de la cantoche Il était fort le bougre
. Des gerbes d'étincelles soulignaient dans chaque courbe la pureté de la trajectoire
.
Arrivé devant SON bar, quelle ne fut pas surprise de découvrir à SA place un vieux CB1000.
D'un coup de talon, il mit l'étron au tas et parka victorieusement sa machine sur le morceau de bitume reconquis de haute lutte.
Il n'allait pas en rester là, l'affront était trop grand
. Passant devant la vitrine, il jeta coup d'œil furtif mais aiguisé sur la foule bigarré qui emplissait le lieu
. Le coupable fut aussitôt démasqué. Un indien obèse, le mollet velu, moulé dans sa jupette en daim sirotait un pur malt et semblait échangé avec un des joueurs de cartes
quelques signes étranges, qui, a n'en pas douté, concernaient les cartes de son adversaire.
Lorsqu'il eut poussé la lourde porte vitrée, lé brouhaha s'évanouie, même Yvette Horner du font du juke-box semblait jouer mois fort. D'un pas sur et mesuré, il s'avança vers le bar. Le geste aussi précis que rapide, le patron repoussa le tiroir de la caisse, un des habitués referma à tâtons la porte de la réserve.
« Patron, une suze... sans glace. Faudrait voir à nettoyer devant, y'a visiblement un clebs qu'à confondu ma place de parking avec un lieu d'aisance... et puis ça sent la vache moisie ici ! »
Dans un souffle, on répondit « c'est sans doute à force d'y voir les poubelles qu'il s'est oublié... pour ce qui est du moisi, je discute pas, t'es un expert ! »
« Ma parole, c'est la révolte des suffragettes. Eh, Karen Chéryl, c'est pas ton kilt en croûte de porc qui va m'empêcher de te briser les rouleaux... alors tu paies ton verre, tu baisses les yeux et tu retournes dans la grande plaine regarder passer le pony-express ! »
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